Le prisonnier de Saint-Pierre

En ce début d’année 1902, Saint-Pierre de la Martinique est, pour ses habitants, un paradis, notamment pour les riches familles originaires de la Métropole. Pour d’autres, le travail est rude. C’est le cas pour Cyparis, qui enchaîne les petits boulots, travaillant tantôt dans les champs, tantôt comme pêcheur. C’est un brave homme, mais qui tient mal l’alcool. C’est ainsi qu’il termine en prison suite à une rixe qui a mal tourné.

C’est alors que la montagne Pelée se réveille. M. Landes, un savant, constate rapidement les signes avant-coureurs d’une éruption. Mais les autorités ne le prennent pas au sérieux, lui rappelant que la priorité du moment est l’organisation des élections législatives…

Par legoffe, le 2 novembre 2017

Notre avis sur Le prisonnier de Saint-Pierre

Le drame de Saint-Pierre, totalement détruite en 1902 par l’éruption de la montagne Pelée, faisant 26 000 morts, reste ancré dans la mémoire collective. La catastrophe a, d’ailleurs, fait l’objet de nombreux livres. Mais c’est, à ma connaissance, la première fois qu’une bande dessinée se penche ainsi sur le destin de la ville et sur celui de Louis-Auguste Cyparis.

Cet homme, emprisonné peu avant l’éruption, va être un des deux survivants du cataclysme. Nous allons donc découvrir ici son destin avant, pendant et après l’éruption.
L’auteur prend aussi grand soin de décrire, dans la BD, la vie des gens de l’île, simples habitants ou notables, dont le gouverneur et le maire. Ces deux derniers personnages auront une lourde responsabilité dans l’ampleur du désastre, plus préoccupés par des enjeux électoraux que par les dangers de la montagne.

Tel un récit catastrophe, le premier tiers du livre est donc là pour nous immerger parmi les futures victimes, au coeur de cette belle contrée martiniquaise. Le dessin de Lucas Vallerie est chaleureux comme l’univers qu’il décrit. Ses couleurs aussi, au moins avant l’éruption. Ensuite, la pénombre et les cendres envahissent les pages.

Ce drame, l’auteur le raconte avec précision, mais aussi de manière très vivante. Le lecteur a vraiment le sentiment de vivre le désastre aux côtés des protagonistes.

C’est un récit vraiment très réussi, qui ne perd jamais d’intensité malgré ses 250 pages. Du destin collectif au destin individuel, les êtres se croisent dans ce drame, sans pour autant sombrer dans le mélo. C’est aussi une caractéristique étonnante de cette BD qui parle d’une catastrophe historique sans jamais vraiment se départir de l’esprit malicieux qui caractérise la culture créole.

Par Legoffe, le 2 novembre 2017

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