L'écluse

Octave est éclusier sur le Lot et assure son travail sans renâcler. Un peu retardé, bossu et muet, il est souvent la proie de moquerie des plus méchants comme Alban. Malheureusement depuis moins d’un an, deux cas de noyades de jeunes femmes ont été recensés à l’écluse dont il s’occupe. Un troisième ne tarde pas à se déclarer provoquant la colère de toute la population villageoise de Douelle. Deux inspecteurs de police venant de Cahors sont alors mandatés pour mener l’enquête. Compte tenu de la stupeur ambiante, une extrême prudence est requise par les autorités. Malgré tout, la jeune Fanette n’hésite pas à aller voir Octave pour s’amuser avec lui. Dès leur arrivée, les investigateurs orientent leur enquête sur le site où les noyades ont eu lieu tout en espérant s’entretenir avec l’éclusier ou son père. Malheureusement, l’un sait à peine parler et l’autre est du genre bourru. Sauront-ils trouver la clé de cette énigme mortelle avant que d’autres drames ne surviennent et avant que la population ne fasse justice elle-même ?

Par phibes, le 2 août 2022

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Notre avis sur L’écluse

Depuis Gaultier de Châlus paru entre 2015 et 2017, Philippe Pelaez poursuit son chemin de scénariste affirmé, confirmant sa fidélité à l’éditeur Bamboo et à sa généreuse collection Grand Angle. A peine le premier tome de Furioso lancé (chez Drakoo), le deuxième volet du Bossu de Montfaucon bouclé et une petite incartade chez Soleil avec L’enfer pour aube, nous le retrouvons à la tête d’une histoire dramatique aux accents policiers.

Pour cela, nous prenons la direction du Département du Lot, dans la petite bourgade rurale de Douelle où des noyades en série ont été constatées, et ce aux abords d’une écluse de la fameuse rivière lotoise qui a la particularité d’être dirigée par le jeune Octave. Ce dernier, attardé, se voit donc associé à une équipée douloureuse que Philippe Pelaez nous sert dans une bonté scénaristique évidente grevée par une rugosité ambiante on ne peut plus entêtante.

Les péripéties qui s’ensuivent se déroulent selon un concept éprouvé, mettant en avant des personnages comme Octave bien attachant et d’autres comme Alban réellement ignobles. Au milieu de cet antagonisme, l’on retrouve la jeune Fanette et bien sûr l’inspecteur de police Mollinier. Force est de constater que l’intrigue mise en place animée par ces protagonistes offre de bons moments émotionnels, mettant en exergue la méchanceté humaine tout en soutenant une lourde énigme. De fait, au fil des pages, on aspire à plus de clarté sur ces noyades et en parallèle sur ce qu’a vécu le jeune Octave. Comme il se doit, les réponses sont données dans un final marquant qui aura l’avantage de nous prendre à revers et qui bien sûr amènera son lot d’amertume.

C’est Gilles Aris qui se charge d’illustrer les mésaventures du jeune éclusier. L’artiste met à profit cet album pour conforter ce style graphique semi-réaliste qui lui est propre et que l’on a pu apprécier auparavant dans La ballade de Dusty, Lucienne ou les millionnaires de la Rondière… Bien que son trait maturé génère une certaine douceur ambiante, il peut par ailleurs se révéler beaucoup plus dur, eu égard à certaines actions malheureuses. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne laisse assurément pas indifférent.

Une histoire complète émotionnellement prégnante signée par deux artistes qui savent pertinemment nous faire vibrer.

Par Phibes, le 2 août 2022

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