Mazzeru

Chilina et Cézario sont tous les deux assez jeunes. Ils vivent en Corse, dans un petit village perdu dans les montagnes.
Chilina vit avec son père veuf, dans leur ferme isolée. La vie est rude, elle n’a que très peu d’occasion de croiser les jeunes de son âge. Soudain, elle commence à avoir ses premières douleurs, ses premières règles, elle n’ose pas trop le montrer, presque honteuse. Elle s’isole. Son père découvre que sa petite fille est devenue une jeune fille, dans un moment d’égarement il dérape et l’agresse, elle le repousse et il se blesse sur un râteau… Le croyant mort, Chilina s’enfuit dans les montagnes, obsédée par sa culpabilité et résolue à ne plus se laisser attaquer de la sorte, jamais !
Cézario a depuis quelques temps des rêves prémonitoires qui lui montre la mort d’une personne qu’il connait (on appelle ceux qui ont cette capacité des Mazzeru !). Mais quand il rencontre la belle Chilina, il est fasciné par elle, il l’observe et est malencontreusement témoin de l’agression du père et la fuite de la fille. Persuadé que la jeune fille est dorénavant morte dans les montagnes il décide de quitter le village pour devenir un homme responsable… Il mettra des années à revenir…

Par fredgri, le 17 avril 2017

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Notre avis sur Mazzeru

Voilà l’album du moment, vous êtes prévenus !

"Mazzeru" a tout du pur chef d’œuvre.
Une âme, une émotion permanente, mais surtout un auteur au sommet de son art, qui maîtrise ses effets, les atmosphères, un dessin extrêmement limpide, tout en restant vif, texturé, plein de cette vie qui transparait dans chaque case, dans chaque regard…
En parcourant les premières pages on est complètement hypnotisé par cette tension palpable, cette beauté sauvage, ce regard sans concession sur des jeunes "héros" qui tentent simplement de survivre dans cette vie très dure, loin de tout confort !

Et si je mets l’histoire au même niveau que le graphisme, c’est bien parce que l’artiste, Jules Stromboni, habite ses planches, il griffe ses cases d’un geste ample, il gratte les détails, joue avec les lumières, les ombres, il garde cette sincérité brutale, sans appel, au milieu de laquelle se distingue le beau visage d’une jeune fille et celui d’un garçon un peu chétif, pas trop à sa place ici, qui observe timidement cette fille qui se tient en silence au coin d’une rue !

Stromboni n’adopte pas ici une narration classique et alourdie par des textes. Il nous propose même une histoire sans parole, si ce n’est ces extraits de pensées qui viennent régulièrement se glisser au milieu d’une page, nous livrant une impression, une interrogation… Le reste, nous le découvrons au grès des transitions, des cases qui se succèdent, se suivent… Le drame s’ouvre devant nous, nous suivons les deux parcours en parallèle, sans forcément deviner avec certitude l’issue de cette histoire. C’est à la fois très touchant, très juste aussi. L’émotion transparait du traitement en noir et blanc, des séquences muettes, d’une silhouette entre les arbres, d’un gros plan sur deux yeux, une tâche noir qui vient rompre une zone blanche…

Les pages filent sans s’arrêter.
Et quand on arrive au terme de ce voyage troublant, on est marqué par cette lecture particulièrement immersive, pleine de finesse dans les non dits, dans les gestes qui restent entre les cases, dans ce qu’on devine…

Quelle belle et impressionnante lecture…

"Mazzeru", notez bien le titre, Jules Sromboni, n’oubliez plus ce nom !

Par FredGri, le 17 avril 2017

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