RAI
Intégrale 1

(Rai 1 à 12 + Rai Plus Edition 1 et 5)
Nous nous retrouvons en 4001. Depuis plus de 1000 ans, le Japon s’est exilé dans l’espace sous le nom de Néo-Japon, en orbite autour d’une Terre qu’on dit ravagée. Le leader de cette nouvelle nation est une intelligence artificielle qu’on appelle "Père", toute puissante âme omnisciente qui dirige le tout, organisant la population en castes. En haut, les humains qui sont assistés par les luddes, qu’ils considèrent comme leurs inférieurs, et les positrons, des compagnons artificiels réduits à obéir à leur maître qu’ils suivent depuis leur enfance…
Cependant, aucun meurtre n’a été commis en 1000 ans, et lorsqu’on retrouve le corps d’une mystérieuse femme, Père réactive le Rai, une sorte de guerrier ultime, protecteur du Néo-Japon. Ce dernier commence à enquêter, rencontre la jeune Lula qui voudrait l’aider à creuser encore plus derrière cette étrange mort. Et, petit à petit, Rai comprend que "Père" est impliqué et qu’il pourrait bien avoir des liens très étroits avec cette femme…

Par fredgri, le 3 juillet 2017

Notre avis sur RAI #Int.1 – Intégrale 1

Ce savoureux pavé, de près de 350 pages, se dévore d’une traite tellement l’intrigue est prenante et l’univers incroyablement riche !
Nous nous retrouvons donc dans le futur lointain de l’univers Valiant, avec ce récit cyberpunk proposé par Matt Kindt et Clayton Crain. Douze épisodes qui constituent le premier véritable cycle de la série et qui voit le héros, Rai, prendre conscience que derrière l’image qu’il se forme de son père qu’il ne voit jamais, mais qui "règne" sur le Néo-Japon, se dissimule un tyran insensible au sort des habitants de son arche spatiale, quitte à diaboliser les catégories de population qu’il juge inférieures.
Évidemment, cette prise de conscience est difficile, car elle remet en cause les croyances profondes du personnages et la conception même de la réalité telle qu’il la conçoit, comme le fonctionnement du monde dont il est le protecteur affiché !

Nous découvrons donc, en parallèle, les tenants et aboutissants de cet univers au travers les confidences des principaux protagonistes. Avec Rai, c’est le rapport au divin, l’obéissance aveugle et le principe des différents Rai qui se sont succédé au fil des siècles, avec Lula nous apprenons les bases de cette société, son rapport à la technologie, à la Terre et les interrogations qui en découlent.

Toutefois, Kindt n’oublie pas son intrigue, même si pour les besoins de sa présentation il reste assez verbeux. Dès les premières pages nous sommes catapultés dans le cœur du récit, avec la découverte du corps de cette femme qui va servir de catalyseur pour entraîner tout le reste. Un meurtre qui met en exergue les failles d’un système entièrement construit dans l’ombre d’une intelligence artificielle qui tient la population sous son joug. Ainsi, ce qui peut apparaître comme une sorte de paradis semble, au fil des planches, se fissurer pour dévoiler un régime totalitaire qui opprime les uns pour permettre aux autres de vivre leur vies oisives !
Bien sur, dans ce contexte, le héros, tout à son intégrité, ne peut pas raisonnablement rester les bras baissés !
Et tout le reste va découler de cette opposition qui torture Rai, choisir entre l’obéissance inconditionnelle à son père créateur et son rôle de protecteur du Néo-Japon !!

Pour l’instant, les références à l’univers Valiant classique sont pratiquement nulles. On évolue dans un futur extrêmement lointain, donc on se concentre sur un monde ultra technologique, avec des personnages qui n’ont à priori aucun rapport avec les autres séries Valiant. Ça va venir, mais il faudra pour cela attendre le second volume !
Et c’est aussi en ça que cette lecture est édifiante. N’importe qui peut très bien aborder cette histoire sans avoir forcément lu autre chose jusque là (bon, il y a bien la jeune géomancienne, mais elle n’est pas plus exploitée que ça pour l’instant !).

Et franchement, je dois bien dire que cette lecture est une excellente surprise. On reste dans un schéma héroïque assez connu (le héros qui rejoint les opprimés contre l’ordre établi), mais le cadre est très bien amené avec un sens du rythme très soutenu. Kindt ancre son univers dans une tendance cyberpunk très appuyée, développant des idées sur la technologie, sur les IA, sur la création artificielle qui parleront très bien aux amateurs de Gibson et consort.
C’est peut-être parfois assez bavard, surtout quand c’est Lula qui est la narratrice et c’est vrai qu’on peut avoir de temps à autre envie de passer des passages, néanmoins c’est rarement inutile aussi !

Graphiquement, on retrouve Clayton Crain qui assure la totalité des 12 épisodes et c’est absolument sublime. Par le passé, je n’ai pas toujours été très fan de tout ce que je voyais de lui, souvent trop sombre et trop texturé, mais ici c’est juste parfait. Un univers complexe visuellement, avec une grande variété d’ambiances assez différentes les unes des autres, beaucoup d’action et de rebondissements… L’artiste nous livre ici une très impressionnante performance qui nous en met plein la vue !

Un volume imposant que je vous conseille très vivement, d’autant que Bliss a une nouvelle fois fait un travail remarquable !
Un vrai régal de lecture, vous n’allez pas le regretter !

Par FredGri, le 3 juillet 2017

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