RIP
Ahmed, au bon moment au mauvais endroit

Ahmed est policier. Il travaille à la brigade criminelle dans le service entomologie. Sa spécialité, ce sont les insectes qu’il prélève précautionneusement sur les cadavres en putréfaction afin d’évaluer l’heure/la date du décès. Malheureusement pour lui, Ahmed n’est ni apprécié par ses pairs ni par sa haute hiérarchie qui dénigre totalement son expertise. Aussi, il s’est lancé tout seul en secret dans une enquête de morts louches et compte en dénouer l’énigme. De cadavre en cadavre, de mouches en mouches, Ahmed mène dans l’ombre ses investigations et les retranscrit sur un tableau situé dans les combles de son domicile. Celles-ci vont bientôt l’amener à intégrer une société de nettoyage bien peu ragoutante au sein de laquelle oeuvre un panel d’individus assurément peu engageants. Se pourrait-il qu’il ait fait mouche ?

Par phibes, le 1 septembre 2020

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Notre avis sur RIP #3 – Ahmed, au bon moment au mauvais endroit

Enfin, le troisième volet de la saga mortifère signée Gaet’s et Julien Monier fait son apparition sur les étalages de toutes les librairies de France et de Navarre. Après deux premiers opus merveilleusement déliquescents qui nous éclairaient sur deux personnages qui forment un groupe de nettoyeurs hors normes, voici donc le suivant, Ahmed, que l’on a déjà croisé auparavant et qui est promis, comme l’indique le sous-titre du présent volume, à se retrouver au bon moment et au mauvais endroit et passer un très mauvais quart d’heure.

Evidemment, les suspicions qui ont émergé dans les tomes antérieurs se confirment ici. En effet, Ahmed fait assurément partie de la maison poulaga et mène une enquête officieuse sur le décès peu naturels de personnes. A n’en pas douter, Gaet’s nous assure un récit ô combien sans vergogne et sans retenue, extraordianirement trépidant, nous plongeant jouissivement dans son vaste bourbier littéral nauséabond dont il a la maîtrise et qui n’épargne personne. Les cadavres continuent à voler à la pelle et se donnent en pâture à un petit monde grouillant et virevoltant que l’on commence à apprivoiser.

On saluera ici la très bonne interpénétration de ce récit aux allures policières qui lève le doute sur Ahmed. A travers une entrée en matière percutante que l’on a déjà vécue auparavant, Gaet’s opère fait en sorte de faire un retour en arrière efficace, rien que pour nous faire comprendre les raisons de l’intervention du policier dans cette aventure funeste. Sous le couvert d’une narration intimiste qui titille le fétide, l’évocation se veut habile, avec ses humeurs et son humour fortement grinçants et dégoulinants, saucissonnée par plusieurs chapitres à l’ouverture didactique. La mécanique est bien huilée, pousse le lecteur dans des retranchements politiquement peu corrects et force inexorablement le plaisir de lecture. Qui plus est, et c’est là le grand plus, elle nous oriente in fine sur un dénouement qui suscite une très bonne surprise et qui a le privilège de relancer efficacement l’équipée.

Julien Monier, de son côté, n’est pas en reste. Ce dernier joue habilement de ses crayons pour dépeindre la destinée peu enviable d’Ahmed. On sent l’artiste réellement à l’aise dans cet univers malodorant, fait de cadavres putréfiés et d’insectes pullulants. Son semi-réalisme fait mouche à tous les coups et titille l’horreur d’une manière détachée, sans se prendre réellement au sérieux. Sa galerie de portraits hors du commun est parfaitement maîtrisée, grâce à quoi le lecteur ne se perd pas en route. Enfin, la colorisation est un pur bonheur apportant un véritable relief à son dessin.

Un troisième tome savoureux à souhait qui fait monter d’un très gros cran l’intérêt de cette série. Vivement le quatrième volet ! Miam, miam, on a déjà faim…

Par Phibes, le 1 septembre 2020

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