ULTRA HEAVEN
Volume 1

Kab est un jeune homme paumé dans une société futuriste où les drogues en tout genre ont envahi la société. Elles sont vendues comme tous les autres biens de consommation. Certaines vous survoltent, d’autres recréent pour vous l’équivalent d’une cure thermale, certaines, enfin, vous font vivre des voyages imaginaires incroyables. Les gens en usent comme ils boiraient un verre ou allumeraient la télévision. Les bars à « cocktails intraveineux » sont aussi nombreux que les échoppes de bière en Irlande et la télévision fait la promotion de ces substances comme s’il s’agissait de simples boîtes de céréales.

Kab, lui, adore la drogue « Peter Pan ». Mais il s’est accoutumé et cherche maintenant le produit ultime qui le plongera dans des délires jamais vécus jusque-là. C’est alors qu’il apprend le lancement d’une nouvelle substance appelée Ultra Heaven. Elle est si révolutionnaire et si puissante qu’elle ne circule encore que très peu et sous le manteau.

Par legoffe, le 1 janvier 2001

Notre avis sur ULTRA HEAVEN #1 – Volume 1

La société futuriste imaginée par Keiichi Koike ne fait pas rêver. Le monde semble devenu fou, pesant. La banalisation de la drogue est-elle une conséquence ou une cause de cette impression ? La réponse n’est pas évidente. En tout cas, l’idée de base du livre est tout bonnement excellente. L’homme a passé le cap de la réalité virtuelle. Fini le règne de l’électronique, l’auteur a l’originalité de penser que l’avenir sera plutôt chimique.

Certes, nous sommes bien dans un monde futuriste et technologique, mais l’être humain y est surtout devenu esclave de substances qui lui permettent de s’évader. Le tout est réglementé par les gouvernements (n’est pas « barman » en drogues qui veut, il faut un diplôme de médecin spécialisé) avec des contrôles sanitaires. À part ça, piquez vous où vous voulez quand vous voulez !

Koike raconte à sa façon les dérives des hommes qui ne savent plus apprécier la réalité et qui tentent de fuir le quotidien au lieu d’apprendre à le gérer. Il montre avec beaucoup de force la frontière de plus en plus étroite entre ce que ces drogués prennent pour un rêve ou la réalité. C’est ce qui va d’ailleurs faire basculer le récit à la fin de ce premier tome, lorsque Kab va tester l’Ultra Heaven.

Pas forcément fan d’histoires délirantes où les personnages sombrent dans les rêves et les délires, je dois avouer que, cette fois, je suis tombé sous le charme. L’effondrement des héros dans l’univers de la drogue est particulièrement bien raconté. Même si on part dans les méandres de cerveaux complètement disjonctés, le récit reste généralement clair et les protagonistes bénéficient de personnalités intéressantes.

Le dessin, lui, n’a rien à voir avec les vrais mangas. Certes l’auteur est japonais, certes c’est du noir et blanc, certes c’est un moyen format et pourtant, difficile de le voir publié comme « manga ». Les dessins, comme le rappelle très justement Glénat, font plutôt penser à du Moebius époque Metal Hurlant, donc à du produit européen.

J’étais parti méfiant dans l’aventure, je suis ressorti séduit. Voici un petit ovni, une bande dessinée faite de substances inconnues méritant le détour (la BD, hein, pas les substances !).

Par Legoffe, le 8 mars 2008

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