13 octobre 2015

ASTERIX : le Papyrus de César dans le salon Gustave Eiffel

Conf presse Astérix, le Papyrus de César dans le salon Gustave Eiffel, au 1er étage de la tour Eiffel.
Sortie simultanée mondiale le 22 octobre.
Article de FEF pour Sceneario.com

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Vous êtes le premier auteur d’une bande dessinée à succès planétaire à avoir décidé de son vivant de la succession graphique.
Albert Uderzo : Je me félicite que l’on ait trouvé deux auteurs qui puissent faire la succession de ce que nous avons créé avec René Goscinny, car ne n’était pas évident. Ferry est un scénariste épatant qui a su se plier à l’humour de Goscinny, et Conrad un dessinateur qui a accepté de travailler au pinceau comme je le faisais, au lieu de la plume qu’il utilisait auparavant.
Isabelle Magnac : Astérix est la bd la plus vendue (365 millions d’albums vendus dont 130 millions en France) et traduite au monde (111 langues et dialectes). Une petite comparaison avec les lieux où nous sommes : il faut 122 albums pour faire un mètre en terme de tranche et tous les albums vendus, c’est l’équivalent de plus de 8000 tours Eiffel.
Albert et Anne ont placé leur confiance en nous. Ils nous ont autorisé à poursuivre cette œuvre. Nous étions très redevables de cette confiance, et désireux d’en être digne. Un nouvel Astérix est toujours un événement que l’on doit à deux créateurs de génie et notre responsabilité, c’est d’assurer la continuité dans les meilleures conditions.
Astérix est « né » le 29 octobre 1959. Il fête donc ses 56 ans cette année, comme Ferri et Conrad qui sont aussi nés en 1959.
Anne Goscinny : Il va continuer à vieillir sans rides pour notre plus grand plaisir, sous la surveillance d’Albert et sous ma bienveillance qui s’exerce de façon discrète. Ce que j’ai lu au fur et à mesure de l’album, n’a absolument pas soulevé d’inquiétude. Pour ce deuxième album, j’ai le sentiment que les auteurs ont été plus détendus, et ont eu moins de pressions sur leurs épaules que sur le premier. Cela se ressent beaucoup tout au long de l’album.

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Albert, que vous inspire le tandem entre Ferri et Conrad ?
Albert Uderzo : ils ont su se mettre au diapason du travail qu’on leur demandait, ce qui n’est pas évident. Ce sont des auteurs confirmés et ils auraient pu avoir des difficultés à se plier à certaines directives et ils l’ont fait avec beaucoup de talent.
Didier Conrad : ce qu’il y a de plus excitant, c’est l’idée de faire un album et de savoir qu’Albert va pouvoir lire cet album comme un lecteur. C’est une des premières fois où il a pu faire cela de sa vie.
Albert Uderzo : quand je le lis, je le découvre. Bien évidemment j’ai lu le scenario d’abord, mais quand on relit l’album une fois terminé, c’est différent. J’éprouve une très grande joie et je respire parce que ça pourrait être plus délicat.
Jean-Yves Ferri : la satisfaction d’Albert est notre meilleure publicité (rires).

Conrad, vous habitez aux Etat-Unis et vous Ferri, près de Toulouse. Comment travaillez-vous ?
Jean-Yves Ferri : c’est un point commun avec Conrad, nous sommes un peu atypiques, et de la même génération tous les deux. Nous avons aussi d’autre points communs qui nous permettent de communiquer. Astérix, c’est un peu notre enfance.
Didier Conrad : comme tout le monde, nous avons été lecteurs d’Astérix bien avant de travailler dessus. Jean-Yves et moi avons pas mal de points communs dans notre approche du métier, dans nos rapports avec la profession, on se s’occupe pas trop des courants et des tendances, on est plutôt isolés et on aime bien ça.
Jean-Yves Ferri : on a un léger décalage horaire à cause de la distance. Cela évite les conflits (rire). Quand on lance le débat, on a la réponse en principe 24 heures après. C’est assez tranquille.

Comment est venu ce deuxième album ? C’est l’éditrice qui vous l’a demandé ou est-ce vous qui avez proposé une nouvelle histoire ? Comment est née l’idée du Papyrus de César ?
Jean-Yves Ferri : je mentirais si je disais qu’on ne sentait pas une certaine attente de la part d’Isabelle, mais on ne peut pas dire que ce soit une pression. On sait que l’on a un certain temps pour faire un album, et on essaye de l’exploiter au maximum.
C’est un peu pendant la promotion d’Astérix chez les Pictes que nous avons pu réellement faire connaissance et commencer à mettre sur la table les pistes pour le suivant. J’avais envie de parler de la guerre des Gaules. Et à partir de là, il fallait trouver comment ce sujet pouvait arriver au village gaulois, qu’est-ce qui pouvait relier les deux ?
Albert Uderzo : ce que l’on ne voit pas, c’est qu’arriver à faire deux albums de plus, c’est aussi très compliqué. Je me souviens qu’arrivés au dixième album, René m’avait dit « Albert, je crois que l’on a tout dit là-dessus ! Et que l’on ne va plus trouver d’idées ! ». Il en a encore fait quatorze derrière, et moi dix.
Didier Conrad : disons que l’on a comme facilité de ne faire qu’un album tous les deux ans. Albert, à votre époque vous faisiez un album tous les ans, parfois même plus. Cela épuise, ce qui n’est pas notre cas.

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À partir du moment où vous avez décidé que César serait au centre de l’histoire, il a fallu le dessiner. À quoi ressemble le César de cet album ? Comment avez-vous créé votre César ?
Didier Conrad : César a évolué graphiquement au fur et à mesure du temps. La difficulté est que son style a beaucoup changé, et qu’affectivement je suis attaché à une période qui correspond à mon enfance et c’est celle-là qui a primé dans mon cerveau. La référence de base ce sont les albums autour du Devin. Le style avait évolué. Les personnages s’étaient un petit peu allongés pour qu’ils soient plus adaptables en dessin animé. Le personnage est déjà assez grand à cette période-là. Je l’ai un petit peu modifié au niveau du visage, pour que l’on puisse avoir un certain jeu d’expressions qui correspondaient à l’histoire.

Pour un nouvel album, vous faites une couverture ?, plusieurs couvertures ?
Didier Conrad : on en fait une et on la montre à l’éditeur, et après l’éditeur nous dit qu’il en faudra au moins trois pour avoir le choix. La couverture c’est un peu spécial. Il a la tradition des couvertures d’Albert, c’est-à-dire une couverture relativement publicitaire où l’on montre généralement trois éléments. Il y a toujours Astérix et Obélix, un élément de base et le titre qui est un logo toujours différent d’un album à l’autre.
Isabelle Magnac : la couverture c’est aussi très important pour l’éditeur parce que c’est le premier contact que le public va avoir avec cet album. Jean-Yves et Didier m’en ont proposée trois et celle que l’on a choisie me semble vraiment refléter le contenu de l’album.
L’album est prévu en plusieurs versions, la version standard, la version de luxe (12 000 exemplaires, 35€) et une version extrêmement luxe pour les collectionneurs (coffret avec des tirages à part, l’ensemble des crayonnés de Didier et Jean-Yves). On a mobilisé 5 kilomètres de semi-remorques qui vont faire que toutes les librairies soient livrées en même temps. On a imprimé 2 millions d’exemplaires en langue française et 2 autres millions en 20 langues pour le reste du monde. Plus de 350 personnes chez Hachette ont travaillé sur cet album.

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On trouve un running gag dans cet album, c’est l’horoscope gaulois.
Jean-Yves Ferri : Quand le journal l’Écho de Condate arrive au village, les Gaulois sont plus intéressés par l’horoscope que par le livre de César. Ils ne sont pas vraiment passionnés par ce qu’il se passe à Rome. L’horoscope gaulois, je suis allé le chercher du côté des Celtes. Ils n’avaient pas nos signes du zodiaque mais cela correspondait assez à leur mythologie des arbres.
J’ai donc utilisé des arbres comme des signes astrologiques. Didier serait peut-être du signe du tilleul et Albert, comme Astérix et Obélix, ça serait le châtaignier.

J’ai lu qu’on prêtait aux natifs du tilleul, comme Bonemine, qu’il est temps de réveiller le chef qui est en eux.

Jean-Yves Ferri : Bonemine a un rôle, elle est à l’origine de l’aventure, car c’est elle qui secoue un peu son mari et qui le pousse à prendre des décisions.

Il y a un nouveau personnage Doublepolémix, un colporteur sans frontière.
Jean-Yves Ferri : c’est sans doute un des premiers journaliste gaulois. Il est donc à la charnière entre l’oral et l’écrit. Il est correspondant du matin de Lutèce. C’est un personnage qui représente le journalisme dans ce qu’il a d’héroïque.
Didier Conrad : dans le cas de Doublepolémix, on s’est inspirés de Wikileaks et donc forcément de Julian Assange. Ce n’est pas vraiment un journaliste mais c’est quelqu’un qui communique des informations capitales. Julian Assange correspondait bien à la personnalité un peu trouble qu’il fallait à Doublepolémix.

Et vous pensez déjà au troisième album ?
Didier Conrad : Normalement, le prochain devrait être un voyage, on est encore en train de discuter sur l’endroit …

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