10 auteurs de Pékin racontent leur ville en BD

Comme un préalable à la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Pékin (et ce depuis le 19 juin 2008, date de sa mise en rayons dans les meilleures librairies) Chroniques de Pékin est un ouvrage qui rassemble les réalisations de dix auteurs chinois de bandes dessinées. Ceux-ci ont été invités à parler à leur manière de la capitale de leur immense pays et des sentiments que l’événement sportif mondial fait naître en eux…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur 10 auteurs de Pékin racontent leur ville en BD

Ils sont dix. Une femme et neuf hommes. Dix artistes qui ont le vent en poupe et dont la plupart ont déjà publié à l’étranger (pour certains de nombreux titres) ; ce notamment grâce aux éditions Xiao Pan, spécialisées dans la BD chinoise et à qui l’on doit ce très bel ouvrage collectif.

Leurs dix réalisations sont toutes précédées par un article rédigé par un journaliste chinois. Tous ces articles abordent des thèmes socio-culturels qui font la Chine : la natalité, l’économie et l’impact des jeux olympiques sur la croissance, mais aussi la jeunesse et leur manière de voir l’avenir, par exemple ou cette anecdote (de taille) au sujet de cette volonté politique difficilement imaginable en Europe de vouloir rendre la population polie !!! Une manière en tout cas de ne pas oublier que l’univers du phylactère n’est pas incompatible avec lecture sérieuse, révisions de culture générale et apprentissage !

Puis une petite biographie de chaque auteur(e) fait suite à l’article et complète le vis-à-vis avec la première planche de chaque histoire. Une petite biographie rendue très sympa par une photo-portrait couleur de l’artiste ; on est toujours plus proche de quelqu’un quand on sait à quoi il ressemble, et c’est parfois marrant de découvrir un style de dessin en l’associant à un visage !

Deux histoires seulement sont en noir et blanc quand les autres affichent des couleurs généralement très pimpantes, très informatisées. Il y est question de sport, J.O. oblige, mais on trouve également des réalisations dont le thème principal est plus orienté vers la population (les habitants des hutong, les Beijing Pistols (!!!)), la ville en elle-même : ses transports en communs s’adaptant à l’événement olympique… ou l’événement lui-même, ce que les gens en attendent ou comment ils se comportent dans sa perspective…

Si « Le poisson » de Nie Jun, l’histoire de la petite Yu à la fin si poétique, a peut-être eu ma « préférence de cœur », je dois bien avouer que beaucoup d’autres m’ont fortement plu. Et j’y ai apprécié aussi le regard que portent les auteurs sur leur pays et leur civilisation. On sent la fougue des nouvelles générations confrontée à des habitudes ancrées. On ressent peut-être quand même parfois des hésitations de la part des dessinateurs-scénaristes à donner de grands coups dans la fourmilière (dans l’histoire de la raquette de Mao, par exemple, ou dans la première où le grand-père accepte finalement bien vite son T-shirt de « citoyen respectueux du changement » au regard du nombre d’années qu’il a passées à vivre autrement – lisez, vous comprendrez – tout comme la question de la démolition des hutong est abordée sereinement et avec philosophie alors que le quotidien de nombreuses personnes confrontées à cette réalité de nettoyage urbain doivent voir ça d’un œil tout autre…)

Ainsi ces Chroniques de Pékin sont très intéressantes. Pour les yeux grâce au travail de ces talents qu’on (re)découvre, et pour les réflexions qu’elles ne manquent pas de susciter.

On aura noté la préface signée par Vatine et l’enthousiasme qu’il affiche à l’égard de la qualité de la production manhua, arguant à qui ne voulait pas ouvrir les yeux sur cette réalité que les talents du 9ème art ne sont pas exclusivement européens ou américains. S’il est vrai que ses collaborations avec des artistes asiatiques rendent naturel cet enthousiasme de l’auteur d’Aquablue, et même si les styles de ses collègues de l’autre bout du monde sont parfois difficiles à décoder pour des yeux habitués au franco-belge, force est de reconnaître que de très très bonnes choses sont à découvrir en BD chinoise : Chroniques de Pékin en apporte une preuve supplémentaire !

On aura noté enfin que l’artiste phare de la BD chinoise, Benjamin, est l’auteur du visuel de couverture et de la postface. J’ai d’ailleurs apprécié qu’il ne prenne pas trop de place dans la pagination, lui qui a eu l’honneur d’un merveilleux artbook récemment, et qu’ainsi, il laisse plus de place aux autres !

Un cahier d’illustrations enfin vient compléter l’ouvrage, un livre une fois de plus d’une qualité irréprochable (impression, papier, choix éditorial…), un livre à vivre absolument à l’heure des JO de Pékin !
 

Par Sylvestre, le 6 août 2008

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