2050

« Une histoire bio » (Galandon & Ponzio) : Dans une société où les livres sont dorénavant écrits par des IA, un éditeur veut faire le buzz en demandant à un de ses amis écrivains de lui rédiger un roman « à l’ancienne »…
« L’Ange Bleu » (Gaukler) : Imaginons que la science puisse nous permettre, dans le futur, d’observer les derniers délires traumatiques des soldats mutilés…
« Lux Æterna » (De Metter) : Il veut simplement voir sa femme à l’hôpital. Mais voilà, sur sa puce, il est indiqué qu’il n’est pas suffisamment vacciné, il veut ensuite rentrer chez lui, mais son crédit social l’oblige à prendre les voies lentes. Une fois chez lui, il ne peut recharger son véhicule, car il ne lui reste que 4% sur son seuil d’électricité autorisé, juste assez pour pouvoir profiter un peu du robot domestique…
« Tableau de chasse » (Ducoudray & Martin) : René part à la retraite, ses amis lui offrent une partie de chasse chez Dream Hunt, le paradis du chasseur…
« Go to Mars » (De Rochebrune) : Au départ, envoyer le surplus de migrants sur Mars semblait être une bonne idée, il suffisait de les cryogéniser en attendant et hop. Seulement, pour des questions budgétaires, les caissons sont restés stockés dans de larges entrepôts qu’on a fini par progressivement oublier, laissant faire les divers trafics se développer dans l’ombre, jusqu’au moment où…
« Société écran » (Perger) : Pratiquement dès sa naissance, il est connecté en permanence et cela ne fait qu’empirer dès le moment où on lui met des lentilles en réseau avec une IA qui l’accompagne désormais partout… Mais si un jour, tout ça s’arrêtait…
« Enfants de la batterie » (Mig) : Si l’enfant adopté ne correspond pas aux espérances de ses parents, il est renvoyé à la Power Factory qui a pour mission, ensuite, de le reformater aux besoins de la société de consommation, de se rendre utile…
« En live ! » (Kerfriden) : Charles est un jeune youtuber qui galère à récupérer des followers. Alors qu’il accompagne ses parents lors d’une croisière, il découvre que la célèbre Gala, qui bat des records de suivi à chacune de ses vidéos, est elle aussi du voyage. Il entreprend de profiter de sa popularité pour gonfler ses propres chiffres, quand soudain le bateau est attaqué par des pirates…
« The Date Club » (Izu & Kalon) : Noah est progressivement tombé amoureux de Luna, une belle IA qu’il retrouve régulièrement sur les réseaux du « Date Club ». Il veut aller plus loin, essayer de pirater l’IA pour la copier sur son propre ordinateur…
« Espace Temps » (Chauzy) : En 2050, on rêvait encore de conquête de la galaxie, de voyages spatio-temporels…

Par fredgri, le 13 décembre 2024

Publicité

Notre avis sur 2050

Imaginons donc, le temps de ces divers récits, qu’on se retrouve dans le futur. Oh, pas très loin, pour que ça reste encore assez crédible, que cela parle toujours de notre société actuelle, imaginons-nous donc faire un bond de 25 ans en avant. Il y a bien quelques voitures qui volent, des hologrammes çà et là, mais ce qui semble surtout marquer les auteurs de ce collectif, ce sont les divers dérapages liés au développement de la technologie, que ce soit l’émergence des IA, comme on peut déjà le voir aujourd’hui, et les désillusions qui en découlent, l’omniprésence des écrans, du numérique et la rupture avec la réalité que cela entraîne, ainsi que la lente et irrémédiable déshumanisation qui suit au fur et à mesure ce constat.

On est rapidement interpellé par la pertinence des idées qui nous parlent directement, et même si on reste globalement dans une prospective sombre et presque désespérée, on ne peut que faire le parallèle avec des problématiques auxquelles on est confronté dans notre quotidien d’aujourd’hui. Qu’il s’agisse en effet de l’arrivée des IA dans le champ artistique, que ce soit l’écriture, la peinture, l’illustration, la musique, etc., la question se pose immanquablement, de même que les débordements du numérique dans notre vie de tous les jours, la surabondance des écrans, des objets connectés, la rupture progressive avec le geste naturel… Tout cela inquiète, et les auteurs de cet album en témoignent par ces fictions qui se veulent avant tout édifiantes et concernées.

Il en ressort malgré tout le sentiment très fort d’une humanité confrontée à l’illusion d’une modernité échevelée, comme s’il n’était petit à petit plus possible d’échapper au refuge du virtuel, à ce besoin de déléguer notre part d’humanité à des IA plus performantes, toujours plus intuitives.

On peut ne pas adhérer à toutes les pistes évoquées dans ces pages, on peut trouver ce regard trop pessimiste ou simplement trop caricatural. Cependant, derrière cette inquiétude et ce cynisme transparait une volonté de projeter une vision qui tend à taper du poing et à concerner le lecteur. En contrepartie, assez étrangement, il n’y a pratiquement aucun récit qui traite d’écologie (il y a beaucoup de projets qui abordent déjà cette problématique, peut-être était-il en effet plus pertinent de parler d’autre chose).

En attendant, 2050 reste une lecture qui fait réfléchir à notre avenir, d’une part, mais surtout à notre présent…
Très conseillé.

Par FredGri, le 13 décembre 2024

Publicité