3 minutes

Max avait fini par s’y résigner : le trentenaire malchanceux qu’il était serait célibataire à vie ! C’était comme ça… Il n’avait jamais trop eu de chance avec les filles…

Et ce fut le cas, encore, lors de cette soirée où il a parlé avec une fille, "Coquillage", qui lui a tapé dans l’œil mais qui, bien entendu, a vite ruiné ses espoirs en lui parlant de son mec… Mais quand ses copains lui ont dit peu après que le mec en question était en fait maintenant un ex de Coquillage, l’horizon s’est comme dégagé dans le cœur et dans la tête de Max.

Coquillage était libre ! Bon, certes, mais elle n’était pas encore dans ses bras. Loin de là… Les jeux de séduction sont complexes et les stratégies d’approche difficiles à échafauder. Surtout quand on a l’impression d’avoir passé l’âge.

N’empêche. Il suffit parfois simplement de quelques "instants gagnants", de quelques coïncidences pour qu’à nouveau, on puisse se remettre à y croire…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur 3 minutes

Avec Litost, Domas avait raconté une histoire dans laquelle il n’était pas si facile que cela d’entrer, mais il nous avait cependant séduits avec un style graphique original plein de petites choses, de petits détails, de petites manières de faire qui faisaient cette "patte" qu’on avait appréciée. Aujourd’hui, il nous propose une nouvelle œuvre, 3 minutes, qui est la suite des tribulations de Max. Ce n’est pas vraiment une histoire d’amour : c’est ce qu’il y a juste avant…

Trois minutes, c’est d’ailleurs beaucoup moins que le temps qu’il faut pour se décider à dire à l’autre qu’on l’aime, parce quand on a l’âge de Max, on réfléchit, on se prend la tête, on calcule qu’on peut se prendre un râteau, par exemple ! Ces trois minutes correspondent donc vraisemblablement plutôt à l’addition de toutes ces fractions de secondes, de toutes ces impulsions, qui ont permis les prises de décisions : je l’appelle, ou pas ? Je me lance, ou non ? Durant toute la bande dessinée, on est aux côtés de Max, et avec lui on se pose ces questions. Avec lui, on reçoit les messages de Coquillage, on attend ses appels. On espère. On a le cœur qui bat !

Domas a merveilleusement su mettre tout cela en images ; ces attentes, ces doutes. Certes, on n’est plus surpris par ses méthodes graphiques qu’on avait découvertes dans Litost, mais on est comblés quand même d’y revenir, de profiter de la poésie qui rend si vibrant son récit (ces séquences avec le ciel, avec la Lune qui se métamorphose, qui l’absorbe, puis le rejette…), de profiter des jeux de mots avec lesquels il a posé des ambiances ("Le lent demain"…) ou de profiter de compositions de planches toujours bien trouvées pour capter des instants et des ressentis (lorsque les trois copains de l’atelier repartent chez eux, chacun avec quelque chose de différent sur le cœur, par exemple). C’est vraiment bien pensé, et bien réalisé, usant toujours de cette bichromie qui permet d’isoler les parties importantes des vignettes.

3 minutes est une œuvre sensible et poétique mais toutefois bien ancrée dans un quotidien moderne. Ceux qui ont des lectures aussi hétéroclites que moi pourront d’ailleurs y retrouver un petit quelque chose de l’univers manga Le garçon du train, avec toute cette dynamique de la pression que met sur le héros "l’Amour pas encore gagné".

3 minutes est une belle bouffée d’oxygène qui nous rassure, en passant, sur le fait que l’Amour et les chemins qui y mènent ne sont pas incompatibles avec le rythme de la vie qui en amène certains à baisser les bras devant cet objectif intimidant qu’est la déclaration amoureuse.

Très chouette, vraiment ! Merci Domas !
 

Par Sylvestre, le 15 juin 2009

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