A l'ombre des murs

Alors qu’il a été obligé d’assister au défilé annuel de la Reine, Tache parvient à fuir la compagnie de ses proches pour rejoindre celle de ses camarades de la Basse-Ville. En chemin, il rencontre Jude, jeune fille en cavale pour s’être échappée d’un orphelinat, qui cherche un coin pour se cacher. Lui proposant de l’aider, Tache la présente à ses amis, les jumeaux, afin qu’ils lui trouvent un abri. Pour ce faire, ils l’amènent dans un quartier des plus reculés de la ville, réputé pour sa dangerosité, au fameux cimetière des Bécanes. Est-ce que la fugitive parviendra à se faire oublier grâce à ses nouveaux amis, sachant qu’un dénommé La Fouine la recherche assidûment ? Aurait-elle dit toute la vérité à propos de sa fuite et ne va-t-elle pas précipiter ses compagnons dans une intrigue qui les dépasse ?
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur A l’ombre des murs

"A l’ombre des murs" est une vision onirique d’un univers que l’on pourrait qualifier post révolution industrielle, dans lequel Arnaud le Roux, auteur fidèle aux éditions Futuropolis, semble avoir pris ses marques pour caler les péripéties adolescentes de son personnage, le jeune Tache. A cet égard, sans pour autant dresser avec précision un tableau politique de la ville dans laquelle se déroule l’histoire, l’on comprend aisément que nous sommes dans une vieille monarchie qui assoit, bon an mal an, une autorité mal vécue par un petit peuple confiné sur un territoire cerné de murs.

En cette ambiance relativement juvénile et un peu rebelle, le scénariste relate une aventure doucereuse de plusieurs jeunes de rues (à l’image du titi parisien) en proie à un certain esseulement et adeptes de la grande débrouille. En ces péripéties vagabondes, on ne recensera aucune violence, ni dans le verbe (un jargon assez pénible à la longue), ni dans le geste, tout juste quelques menaces à l’arme blanche sans effet sanglant. De fait, si la bande des quatre s’avère munie de bonnes intentions, les "méchants" n’ont pas la carrure de véritables tueurs.

L’intrigue, car intrigue il y a, tourne autour de Jude, cette jeune fille qui, vêtue d’une capeline à oreilles de loup, fuit un monde qu’elle n’apprécie guère. Certes, le suspense qui en découle n’est nullement torride mais, par cette atmosphère à la Charles Dickens, le récit draine un courant à la manière d’un conte imaginaire, empli de bonnes intentions. Grâce à Tache et Jude, le lecteur sera appelé à musarder au gré de leurs pérégrinations intra-muros.

Cette délicatesse ambiante que l’on peut retrouver dans "Entre deux averses" et "Roudoudous blues", est également portée par les dessins de Marion Laurent, qui donne vie à un univers assez flou dans sa restitution mais empreint d’une juvénilité flagrante. Sous l’apparence d’un crayonné un peu figé, son style tout en générosité peut être apprécié dans une bichromie bien sympathique. On regrettera toutefois, sans être catastrophique, la similitude des visages des personnages dans certaines situations.

"A l’ombre des murs" est une histoire délectable qui apportera la sensibilité que tout un chacun est en droit d’apprécier.

Par Phibes, le 25 mai 2009

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