A l'ombre du monde

Ayant quitté précipitamment leur emploi, Brice et Rufus se retrouvent dans la panade. C’est alors qu’ils croisent le chemin de Lyse, ex-petite amie de Cédric Valfort, leur ancien employeur. Cette rencontre inopinée est l’occasion pour les deux compères d’apprécier l’humanité de cette jeune institutrice vouée au soutien de Joseph, curieux marginal fuyant le monde moderne et caché au plus profond d’un bois. Mais la quiétude qui semble s’installer entre ces individus va être mise à mal par les agissements malheureux de Cédric et du projet d’urbanisation portée par la commune voisine qui doit sacrifier les hauts lieux où se terre le vieil ermite. Quand la machine humaine est en marche, il y a peu de chance qu’on puisse en échapper.
 

Par phibes, le 9 novembre 2009

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Notre avis sur A l’ombre du monde

"A l’ombre du monde" est le quatrième album que signe en solo Marc Vlieger, plus inspiré que jamais par le monde qui l’entoure. Toujours au plus proche de la simplicité scénaristique, il expose une vision phobique d’un pauvre hère qui, dans sa soif de quiétude absolue, se terre au plus loin de la modernité du monde et qui, malgré tout, va être rattrapé par celle-ci.

La sensibilité avec laquelle il expose ses péripéties a tôt fait de charmer le lecteur au point de l’amener en douceur à coller aux basques du sympathique tandem formé par Brice et Rufus. Le charme en question se poursuivra lorsque Lyse apparaîtra dans son humilité et sa tendresse absolue. Elle nous présentera son protégé, Joseph, qui de par son appréhension du monde nous interpellera dans sa façon de faire mais finira par nous convaincre un tant soit peu de son choix marginal.

Toutefois, le monde du dehors n’est pas tout rose et Marc Vlieger nous le décrit dans sa méchanceté en la personne de Cédric Valfort, personnage retors pris dans un tourbillon de jalousie inextricable. Il y ajoutera la modernité, indispensable au monde d’aujourd’hui, par le biais de l’urbanisation galopante qui fait fi de la beauté, de la naturalité des lieux visés et des personnes attachées à ces derniers.

Servi par des dialogues nature, le récit coule de source, naturellement, avec des personnages d’une simplicité incroyable. On perçoit au travers des réactions sanguines et des décisions irréversibles la montée d’un drame inévitable. Celui-ci prendra des proportions impensables qui, il va de soit, délivreront des émotions d’une grande intensité.

L’émotion est également perceptible au travers des dessins doucereux et enchanteurs de l’artiste. Sans chercher à utiliser une représentation photographique, il exécute un trait d’une efficacité redoutable quant aux expressions qu’il suscite. Les regards (ceux de Joseph par exemple) font preuve d’un travail certes épuré mais très explicite en rapport avec les sentiments de folie, de détresse ou par ailleurs d’admiration, de désir qu’ils dégagent. Utilisant une colorisation douce et sans trop de fioriture, il parvient sans trop d’effort à nous envoûter.

Véritable petit bijou de réflexion sur notre monde, cet album, d’une rare intensité émotionnelle, est à parcourir à l’ombre de tout préjugé.
 

Par Phibes, le 9 novembre 2009

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