... à la folie

Nous nous sommes mariés peu de temps après nous être connus. Tout était beau, une nouvelle vie commençait. Mon mari avait une bonne situation professionnelle. Il a été décidé que je ne travaillerais pas. Tout allait pour le mieux jusqu’à cette dispute. Il m’a alors frappé. C’était la première fois. Je me suis dit qu’il ne recommencerait plus. Je me trompais…

Par legoffe, le 21 septembre 2009

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Notre avis sur … à la folie

Je ne connaissais pas le thème de ce livre avant d’en démarrer la lecture. Tout commence de manière assez banale. Les deux personnages racontent, chacun à leur façon, leur rencontre et le début d’une histoire d’amour de notre époque. Le ton est sobre, l’histoire est classique. C’est finalement celle que vivent beaucoup de couples.

Rien que du très ordinaire, donc, jusqu’à la page 31. C’est là que tout bascule. Une douche froide pour le lecteur, soudaine, presque inattendue, autant sans doute que pour la femme qui, un matin, sans raison apparente, va être frappée par son mari. Cette première fois s’apparenterait, d’une certaine façon, à l’ouverture de la boîte de Pandore. Rien ne sera plus comme avant. Et la violence espérée éphémère va devenir la terrible marque du quotidien.

Ce drame, qui puise justement sa source dans la vie de tous les jours, en devient d’autant plus terrifiant. Parce que cela arrive n’importe où, à n’importe qui. Nous ne sommes ni dans un autre pays, ni dans une autre culture. Non, nous sommes confrontés à l’horreur journalière, celle qui s’invite au café du matin ou à la pause télé du soir. Elle a pour décor un simple appartement, celui de madame et monsieur tout le monde. Une vérité cinglante, difficile à admettre et pourtant devenue fléau de nos sociétés.

Le mot « horreur » vous paraît-il démesuré ? Je ne pense pas. L’impensable, l’inacceptable, sont encore plus terrifiants quand ils ont pour cadre notre quotidien et quand ils prennent la forme d’armes à la portée de tous, des brimades, des gifles, des privations.

Les auteurs portent le message avec beaucoup de subtilité et d’efficacité. Ils laissent leurs personnages s’exprimer, racontant avec leurs yeux l’inexorable descente aux enfers. Tous deux sont assis sur le même canapé, semblant parler à un confident ou à un psy. Mais, symbole fort, aucun ne semble entendre la parole de l’autre. Une manière d’exprimer le mur qui se forme entre deux êtres séparés par la violence conjugale.

Tout est abordé, à commencer la manière dont le drame s’infiltre incidemment dans le quotidien, s’enracinant dans une banalité où l’amour tente de conserver un peu de sève. On surprend l’état d’esprit du couple à mesure que l’histoire avance, entre dénis et culpabilité, des sentiments rendus encore plus complexes par les réactions de leurs proches, l’implication de la justice…

On frémit en suivant ce parcours semé d’embûches et de non dits. Le malaise est bien là, le sentiment d’impuissance aussi. Et puis il y a l’interrogation, inévitable. Car le lecteur se dira que cela est peut-être arrivé près de lui, chez un voisin, chez une amie, chez un parent. La lecture de ce livre fait indéniablement réfléchir et il méritera largement votre attention. Hasard du calendrier, il paraît le même mois qu’un autre très bel ouvrage sur ce thème, En chemin elle rencontre… Un hasard ou le signe d’une urgence ? Celle d’ouvrir les yeux d’une société qui préfère ne pas savoir.

Par Legoffe, le 21 septembre 2009

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