A LA POURSUITE DE JACK GILET

Par application de la loi fédérale américaine, un mulet a été condamné à mort par le tribunal. Pour cela, Jack Gilet, bourreau spécialisé dans ce genre d’affaires, a été missionné afin d’exécuter la sentence. Bien qu’il ne soit pas pris au sérieux par son entourage, le jeune homme assure ses contrats avec professionnalisme et une réelle empathie. Et ils sont nombreux ! Jusqu’au jour où il pend à moitié prix une chèvre, elle-aussi condamnée pour la mort d’un éleveur de porcs. La propriétaire de cette dernière, Winifred Wilson, reste inconsolable et décide même de venger son animal. Elle se met alors à suivre le bourreau en attendant de trouver le moment propice pour l’abattre. Trouvera-t-elle l’occasion d’assouvir sa vengeance, car le chemin va être parsemé de rencontres, de condamnations et d’exécutions pour le moins surprenantes ? Peut-être que Jack y connaîtra également le doute ?

Par phibes, le 4 janvier 2025

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Notre avis sur A LA POURSUITE DE JACK GILET

Dans l’esprit du film humoristique Les chèvres réalisé par Fred Cavayé, ce nouvel album de David Ratte nous introduit dans une thématique qui n’est pas sans bénéficier d’une base certes cocasse mais également véridique. Sous le couvert de son nouveau personnage Jack Gilet, bourreau de profession spécialisé dans l’exécution d’animaux condamnés par la justice, l’auteur nous transporte dans l’Ouest, aux Etats-Unis du début du 20ème, pour suivre ses pérégrinations « radicales » et sa rencontre avec une jeune femme vindicative qui va bousculer sa destinée.

Cet album se veut on ne peut plus attrayant et ce à plusieurs titres. Tout d’abord, l’histoire que David Ratte a souhaité mettre en avant sous l’égide des éditions Bamboo a l’avantage de se développer sur près de cent vingt-huit pages. Celle-ci est l’occasion de nous intéresser amplement à un personnage atypique étant donné sa fonction qui, l’on concèdera, est des plus cocasses. S’inspirant de fait d’une « jurisprudence » d’évènements judiciaires étrangement réels qui ont défrayé la chronique mondiale en son temps, l’auteur s’est amusé à l’évoquer lors de la rencontre entre Jack et Winy.

Comme il se doit, David Ratte joue la simplicité scénaristique tout en favorisant les caractères de ses personnages. Une fois de plus, même s’il est question de punitions d’animaux, le récit nous transporte généreusement grâce au charisme de ses protagonistes, à la bienveillance qu’ils dispensent et également à leur esprit et aux propos profonds qu’il suscite. La violence reste à l’écart des débats (bien que l’on parle de maltraitance animale) au profit d’une idylle qui va progressivement étioler une action frondeuse.

On saluera également le superbe travail graphique de l’artiste qui, ici, a décidé par cet album d’œuvrer grassement sur une palette contemplative. Les nombreuses transitions sont là pour nous le démontrer au travers de planches entières (voire double-page) représentant des panoramas westerniens, sauvages, d’une beauté exotique remarquable. La partie animation des personnages est également très appréciable. Ces derniers qui, parfois, déambulent dans des séquences clins d’œil furtives (comme celle du film Il était une fois dans l’Ouest), bénéficient comme toujours d’une aura sympathique, confondante à souhait. La mise en couleurs gérée intelligemment en fonction des séquences se veut aussi des plus charmeuses par ses aspects aquarellés et sa richesse.

Un one-shot indubitablement réussi et bien inspiré signé par un David Ratte qui continue à nous emballer.

Par Phibes, le 4 janvier 2025

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