A qui profite l'exil ? Le business des frontières fermées

 
Dans cette bande dessinée, Taina Tervonen et Jeff Pourquié nous parlent du phénomène des immigrations clandestines en dénonçant les juteux business qui, d’une manière ou d’une autre, dans un camp ou dans celui d’en face, se nourrissent du malheur de personnes en détresse qui, à la base, ont tout autant que vous et moi le droit de vivre dignement.
 

Par sylvestre, le 11 avril 2023

Notre avis sur A qui profite l’exil ? Le business des frontières fermées

 
Dans nos sociétés où l’on se recroqueville dans l’égoïsme, l’accueil de l’Autre ne va plus de soi. Les migrants dont on entend parler dans les media font l’actualité tous les jours mais les chiffres qu’on entend nous dépassent et deviennent contre-productifs en cela qu’au lieu de réussir à s’émouvoir du sort de ces personnes qui fuient leur pays au péril de leur vie, nous nous lassons de ce scénario qui se répète inlassablement aux portes de l’Europe.

Pour fuir la pauvreté ou la guerre, ils sont nombreux les candidats au rêve occidental ; et payent des sommes monstres sans aucune garantie d’arriver à leurs fins. Quand un passeur met 800 personnes dans un bateau dont la capacité ne serait en réalité que de quelques dizaines de passagers seulement et qu’il fait payer à chacune entre 500 et 1000 dollars, on a vite fait de calculer que ces salauds de passeurs s’en mettent plein les poches et cela sans aucun scrupule puisqu’ils sont bien conscients du fait que leurs clients seront en danger de mort tout au long de leur voyage.

Ce qu’on calcule peut-être moins naturellement ou moins rapidement, c’est que ces migrations ne font pas que les affaires de ces sombres passeurs. En effet, sous prétexte de surveiller ou de maîtriser les arrivées clandestines, les gouvernements européens votent des budgets, lèvent des armées et mettent en place des tas de moyens. Des choses qui ne pourront jamais être efficaces à 100% mais qui coûtent des sous ; des sous dont profitent les sociétés qui participent à cette "aventure" ; et des sociétés qui, mécaniquement, auraient beaucoup à perdre si les flux migratoires devaient se tarir. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, c’est bien connu… Et au diable la philanthropie !

Dans cette bande dessinée, Taina Tervonen et Jeff Pourquié relatent tout cela en osant dénoncer le business qui s’invente et qui évolue autour du calvaire de pauvres gens. Ils n’omettent pas non plus de souligner que si certains exils sont motivés par des problèmes locaux, ces problèmes sont parfois créés de toute pièce par l’Europe ; quand par exemple nos énormes chalutiers industriels viennent piller les eaux africaines, attrapant jusqu’au dernier les poissons qui jusque-là remplissaient logiquement et de manière raisonnée les petits filets artisanaux des Africains qui dès lors, faute de pouvoir pêcher, s’exilent car leur activité, ancestrale, était la seule sur laquelle ils pouvaient compter pour vivre…

Les auteurs consacrent enfin une grosse dernière partie de leur ouvrage à des migrants qui ont réussi à s’installer en Europe en mettant des noms sur des visages et des destins. Ces migrants "dont on ne veut pas" (pour la plupart des Africains mais pourquoi pas aussi des gens des pays de l’Est) mais qui sont bien utiles à leurs employeurs, n’est-ce pas, notamment dans le domaine du nettoyage ou des travaux publics. Hypocrisie, profit… Et chacun à son niveau de clamer sa bonne foi : "En les faisant travailler, on les aide." (Mais on les exploite)…

L’exil, l’immigration : une plaie vieille comme le monde mais dans un monde qui évolue à grande vitesse. Une histoire de profonds fossés entre des pays, entre des gens et leurs niveaux de vie. L’exil qui pose la question fondamentale de la liberté de se déplacer. Pourquoi les Occidentaux ont-ils tant de facilité à voyager dans des pays dont les citoyens n’ont eux qu’une chance infime de pouvoir obtenir un visa pour venir chez nous ?

A qui profite l’exil ? Le business des frontières fermées est un docu-BD qui nous fait ouvrir les yeux sur notre monde et sur son mode de fonctionnement…
 

Par Sylvestre, le 11 avril 2023

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