Achtung Zelig !

 
Très spécial. Difficilement classable. Achtung Zelig ! est une lecture qui se fait à différents degrés à la fois. Tout y est symbole et ce qui est dessiné de manière réaliste est passerelle vers le surréalisme.

Le dessin est très noir. L’histoire se passe dans la campagne polonaise, on a les pieds dans la boue. L’ambiance est donnée. Il ne manque plus que le froid pour venir nous mordre.

Les personnages principaux se voient affublés de têtes mi-animales mi-monstrueuses. Des chats entrent en scène qui font clairement référence à des humains. Des questions sont posées et des choses sont dites qui mettent mal à l’aise. On se voit parfois projeté dans des situations cauchemardesques subjectives. Bref, c’est avec de l’humour, de l’absurde, de l’originalité et bien d’autres choses que les auteurs réussissent à nous parler de la seconde guerre mondiale de manière originale.

En postface, Grzegorz Rosinski explique bien qu’au temps du "rideau de fer", la censure était très lourde à l’Est, et que les artistes devaient, pour pouvoir s’exprimer, user de métaphores. Pour parler plus librement de ce qui devait être tu.

C’est pourquoi on est désorienté. D’autant que le découpage est à l’image du tout : surprenant. Tantôt on a affaire à une multitude de petites vignettes, tantôt à un simple texte ou un dessin en double-page… Tantôt on a affaire à des pages muettes, tantôt à des pavés de texte longs comme une guerre dont on attend la fin… Ou encore à des traits torturés, ou à des superpositions graphiques faites comme par collage. Tout est bon pour ne pas aborder classiquement un sujet dont on croit tout savoir !

Les auteurs de Achtung Zelig ! sont tous deux Polonais : Rosenberg est au scénario (on lui doit déjà Essence, BD lauréate de la première édition du concours Arte/Glénat). Un dénommé Gawronkiewicz est au dessin. Quant aux couleurs, elles sont assurées par Graza (Le grand pouvoir du Chninkel).

Nota : Achtung Zelig ! est déjà primé en Pologne où il a été édité en noir et blanc en 2004.
 

Par Sylvestre, le 29 août 2005