AKRON LE GUERRIER
Le talisman des âmes

Réalisé par un quatuor de jeunes auteurs italiens encore méconnus en France, ce premier album ouvre les portes d’une nouvelle série qui vient trouver sa place dans un genre très prisé à savoir l’heroic-fantasy.

L’histoire, montée à quatre mains par Samuel Daveti et Giorgio Trinchero, nous entraîne dans un monde dont la prospérité est chancelante. Avant de donner définitivement la parole à leur personnage principal Akron, les auteurs préfèrent tout d’abord axer leur récit sur une présentation générale, quelque peu difficile d’accès (empire, royaume ?), du royaume d’Adzen, régi par Frederick, un despote peu enclin aux scrupules et très manipulateur. Au fur et à mesure de l’évocation, la tension devient de plus en plus perceptible et annonce clairement un virement prochain au drame.

Akron, jeune capitaine, campe, quant à lui, l’élu de la saga qui va devoir contrecarrer les manœuvres insidieuses de son roi dans un affrontement qui met inévitablement en balance le bien et le mal. Par lui, nous allons entrevoir le côté obscur de la tragédie sur le terrain et participer à une sorte de vengeance qui va apporter son lot d’actions chevaleresques.

Comme il se doit, la magie a sa place. Elle est dispensée par un personnage très surprenant, tout en ambivalence et qui s’appelle Clara. Si son physique est des plus attrayants, sa noirceur intérieure et son appétit d’âmes dévoileront sa terrible puissance.

L’histoire aux allures médiévales se tient et attire, à la fois aventureuse, auréolée de magie, de traîtrise et d’actions radicales en tout genre. Ce premier tome nous ouvre les yeux sur le conflit qui se prépare et dont les aboutissements scelleront à jamais le destin de tout un peuple. L’intention scénaristique est bonne et le résultat à la hauteur de notre espérance.

Cette épopée est mise en images par un dessinateur au talent incontestable. Son style est très agréable, sans être trop original. On pourrait éventuellement croire au vu des faciès légèrement caricaturaux que l’humour va être très présent. Mais il n’en est rien et c’est plutôt la tragédie qu’il emporte. Au regard de sa jeunesse, Nicola Saviori dévoile un esprit pictural mature. Le réalisme des décors et des actions est excellemment restitué et offre la vision d’un travail inspiré et bien ancré.

Le destin de tout un monde repose entre les mains d’un capitaine dont la ressource va être mise à rude épreuve. "Akron le guerrier" est un bien bel épisode qui, nous le concédons, appelle une suite que nous attendrons de pied ferme.
 

Par Phibes, le 21 juin 2009