Al Capone

Alphonse "Al" Gabriel Capone, est né le 17 janvier 1899 à New York, dans le quartier de Brooklyn. Très jeune, il commence à traîner avec des petites frappes et progressivement il se fait une place au milieu de ces gangs qui grouillent dans les rues de la ville. Cependant, la violence dont il fait souvent preuve, ses méthodes expéditives amènent les grands pontes du crime organisé de la ville à l’exiler à Chicago, auprès de son mentor, Johnny Torrio… Et c’est là que sa "légende" va véritablement commencer, autour du trafic d’alcool, en pleine prohibition, sa lutte contre les gangs irlandais, la corruption des élus, de la police…

Pour cet album, Swann Meralli et Pierre-François Radice optent pour une approche nettement moins sensationnaliste que ce que l’on pourrait s’attendre à trouver. Al Capone, alors dans une période de grande fragilité, il vient de découvrir qu’il a la Syphilis, il commence aussi à montrer des signes de légère démence, imagine être accompagné par sa mère à qui il ressent le besoin de se confier en lui racontant sa vie. Bien évidemment, comme un fils qui veut montrer à sa mère qu’il n’est pas aussi mauvais que ce que tout le monde dit, il lisse l’histoire, transforme la réalité, en se faisant passer pour une victime… En parallèle, les cases montrent la "réalité", la violence de certaines attaques, la brutalité des activités du gangster qui devint l’ennemi public N°1 au sommet de sa carrière !

Ce double discours est particulièrement bien vu, car il met en avant la différence de perception qu’il peut y avoir. Bien sur, Capone savait très bien quels moyens il fallait user pour asseoir son empire, mais tout ça n’était que du bizness, une guerre de pouvoir avec des adversaires à écarter, quitte carrément à les massacrer dans la rue.
Toutefois, le choix narratif permet aussi d’ajouter une dimension plus humaine au récit, de sortir régulièrement d’une simple liste de faits d’armes pour mettre en avant l’homme, ses sentiments, son ambition. Il ne s’agit pas non plus d’une apologie, loin de là, mais d’une relecture un peu plus fine que ce qui nous est habituellement proposé pour dépeindre la carrière de Capone !

Néanmoins, la grande surprise de l’album, reste, à mes yeux, le magnifique graphisme de Pierre-François Radice, plus habitué jusque là aux illustrations, il explose littéralement dans ces pages qui sont sublimes. Ses textures, ses cadrages, tout transcende littéralement le propos, lui rajoute un charme indéniable… On est vraiment éblouit par le résultat !

Une relecture très pertinente du "mythe" de Scarface. Très conseillée !

Par FredGri, le 5 septembre 2022