Al Jaffee

Sous le couvert de la collection Marabulles, l’éditeur Marabout frappe sympathiquement en soumettant à l’appétence du lecteur friand d’originalité un petit ouvrage qui devrait faire mouche, tout d’abord pour son apparence et d’autre part, pour son contenu. Ainsi, c’est le travail purement innovateur d’Al Jaffee paru dans la presse américaine et même internationale qui se voit mis en évidence, un travail réalisé durant la période allant de 1957 à 1963. Considérant la masse de dessins, 120 dessins ont été retenus pour figurer dans le présent recueil.

A n’en pas douter, le concept pictural est original et se veut donc se démarquer de celui appliqué habituellement de façon horizontale. Al Jaffee opte pour sa part de la mise en place d’un strip unique qui a l’avantage de s’intégrer verticalement dans les colonnes des quotidiens. Il en ressort ainsi une lecture inédite, dans le sens de la longueur, qui permet de saisir en une gymnastique oculaire simple l’action et la réaction inhérente à son message.

Evidemment, qui dit dessin de presse dit dérision, ce qu’Al Jaffee parvient à manier à la perfection. Aussi, au regard des dessins choisis, on ne manquera pas d’apprécier leur teneur hautement humoristique, voire caustique. L’artiste démontre habilement son talent à se jouer de l’abracadabrantesque, usant avec raffinement et générosité de situations risibles de tout acabit, faisant de temps à autre apparaître un personnage récurrent (Sydney Sneath), dans des exercices de style peu évident en noir et blanc qui éludent tout dialogues.

En termes de graphisme, Al Jaffee reste certes dans des dispositions plutôt naïves et également vintage. Toutefois, son message est des plus clairs et surtout pratiquement instantané. Son coup de patte pour le moins épuré n’en est pas moins acéré et attise avec très peu d’artifice une cocasserie particulièrement appréciée de tous.

Un ouvrage honorifique bien sympathique (avec préface et biographie à la clé) qui a l’avantage de mettre en valeur un exercice un tantinet rétro qui garde toute sa fraîcheur.

Par Phibes, le 24 novembre 2012