Alyte
L’heure est au crépuscule lorsque le crapaud accoucheur traverse la route, portant sur son dos les oeufs de sa progéniture. Hélas, il est percuté par une voiture. Mortellement blessé, il parvient à se trainer jusqu’à la mare afin d’y laisser ses oeufs avant de mourir.
Un des oeufs parvient à éclore. Le têtard est ensuite emporté par un courant et se retrouve dans une rivière. Il fait alors la rencontre d’Iode, un saumon bienveillant qui le guide et le conseille pour survivre. C’est le début d’un long périple et d’une aventure pleine de rencontres et de dangers, à commencer par cet inquiétant bandeau noir qui balafre forêts et campagnes et fauche les vies. Les animaux l’appelle la grande léthalyte.
Par legoffe, le 1 décembre 2024
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782383871026
Notre avis sur Alyte
Toujours très attendu, Jérémie Moreau revient avec un nouveau conte initiatique, qui appelle à mieux aimer et respecter la nature. C’est une ode à la vie, autant qu’une réflexion sur la notion même de survie au coeur de la pyramide écologique. Son héros ? Un simple têtard, qui va devenir crapaud accoucheur.
A travers cette belle histoire, l’auteur renvoie l’homme à sa notion de progrès, qui est, pour la nature, une régression. Les êtres humains sont au coeur du problème, mais il n’apparaissent quasiment que de manière suggérée. Les espèces animales et végétales ne semblent pas bien identifier l’origine du mal, qui leur apparait presque irréel.
Et, en effet, comment l’animal ou l’insecte perçoivent-ils, par exemple, une route et ses voitures qui, arrivant vite, s’apparentent à des faucheuses fantomatiques ?
Ce n’est, bien sûr, pas le seul danger que courent ces êtres, mais il est le plus sournois, et celui qui a le moins de sens. Car Jérémie Moreau nous rappelle que la mort est une notion constante pour les espèces naturelles. Chacune y est la prédatrice d’une autre. Mais il s’agit d’un mécanisme alimentaire, d’une question de survie. La route tueuse, elle, retire la vie sans gain, sans raison.
Alyte va apprendre tout cela au fil de son parcours, grâce à ses observations, mais – surtout – grâce aux réflexions de nombre d’animaux qu’il côtoie : des lézards, un aigle, un jeune bouquetin, un vieil arbre, un bousier, des sangliers…
Cette quête pour l’existence est très joliment mise en images par Jérémie Moreau. Simples, épurés, parfois symboliques, ces dessins n’en ont pas moins beaucoup de force. Les couleurs fluo, qui peuvent surprendre ceux qui découvre le travail de l’auteur – mais pas les habitués – n’ont, certes, rien de naturelles, mais elles apportent de la poésie et une aura fantastique au récit. Car, après tout, quoi de plus incroyable que l’histoire de la vie, ce miracle qui ne cesse de se reproduire sur la planète Terre, morceau de caillou si fertile perdu dans le vide intersidéral.
Par Legoffe, le 1 décembre 2024