Angoulême BD, une contre enquête (1974 - 2024)

Symbole annuel de l’état de la Bande Dessinée en France, le SIBD d’Angoulême traîne néanmoins son lot de casseroles au fil des éditions. Philippe Capart et Nicolas Finet se sont penchés sur le dossier de plus en plus épais animé par des dissensions internes, des difficultés financières retentissantes et ce reflet de la BD qui n’est peut-être pas si glorieux que ça…

Par fredgri, le 10 novembre 2024

Notre avis sur Angoulême BD, une contre enquête (1974 – 2024)

En avril 2023, sortait un petit livre aux Editions PLG, qui célébrait la 50e éditions du festival d’Angoulême. L’idée était de raconter le parcours, les multiples prix, les fréquentations successives, les auteurs, le tout agrémenté de pas mal d’anecdotes… Cependant, le livre était commandité par le salon lui-même, ce qui pouvait amener une sorte de « lissage » du propos, en substance.
Avec Angoulême BD, une contre-histoire (1974 – 2024), paru presque un an après le précédent, il est bien plus question de remettre les pendules à l’heure, d’être beaucoup moins consensuel, quitte à même parfois glisser vers la polémique et le petite règlement de compte à peine discret. Toutefois, dès les premières pages il ressort très vite une volonté de non seulement recontextualiser cette histoire en replaçant les enjeux politiques, économiques et régionaux dans la balance, tout en se nourrissant de nombreux témoignages qui viennent donner du relief à l’enquête.

Alors, il peut être important de prendre des pincettes avec les passages plus polémiques qui sont malgré tout détectables immédiatement, ils mettent surtout en avant la difficulté de communiquer et de lier tous ces égos au sein d’un projet d’une telle ampleur. Et c’est peut-être le point le plus important qui ressort de cette enquête qui insiste sur la construction humaine qui est à l’œuvre tout du long, qui s’échine à s’améliorer, à faire toujours mieux, même s’il faut sans cesse composer avec les uns et les autres et s’adapter en fonction des mille et uns remous qui viennent troubler la partie en cours.
L’enquête qu’a donc menée le duo Philippe Capart/Nicolas Finet est à la fois passionnante dans ce qu’elle révèle des turpitudes de ce festival qu’on ne perçoit de l’extérieur que du point de vue des prix, des auteurs célébrés, des stands de dédicaces et des interminables soirées chics et chocs sur place, mais elle reste aussi une lecture très intéressante dans ce mélange entre documents factuels, précis et tirades subjectives qui fleurent bon l’appréciation personnelle qui peut parfois faire tâche et qui donne bien plus l’impression du « fallait que je le dise ».
On est donc partagé entre ce sentiment de découvrir vraiment l’envers du décor, d’entendre des voix plus nuancées, moins nécessairement enthousiasmantes, et cette légère odeur plus âcre, moins nette, du jugement. Il se créé alors un léger déséquilibre qui n’occulte pas, en contre partie, le très grand intérêt de ce livre que je ne saurais assez vous conseiller, histoire d’en savoir plus sur l’engagement le la région, sur le rôle de Jean-Michel Boucheron, le maire d’Angoulême, de Francis Groux, l’apport de Leclerc, les manigances de Franck Bondoux et ses entreprises 9eArt+ et Partnership Consulting, sur l’évolution des prix, la réalité des fréquentations etc.

Le dossier et conséquent, avec des anecdotes qui vont dans tous les sens, des révélations… Mais étrangement le festival en lui-même en ressort intact, ce qui n’est peut-être pas le cas de tous ceux qui ont œuvré pour le faire grandir…

Une lecture vivement conseillée.

Par FredGri, le 10 novembre 2024

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