ANKH
Je renais de mes cendres

Le 19 mars, Hank Chavez est reçu pour la deuxième fois de la semaine par Seawood, le responsable d’une grande société de sécurité. A l’issue de leur entretien furtif et houleux, le visiteur quitte l’établissement et se fait percuter mortellement par une voiture. Le lendemain, contre toute attente, Seawood est à nouveau menacé par Hank Chavez. Le 21 mars, Annie Mitchum, qui travaille pour la société d’assurance KSAA, est sensibilisée sur le casse peu banal d’une bijouterie appartenant à la femme d’un ancien ministre et dans lequel apparaît Hank Chavez reconnu sous le nom de Bernie Gomez. Or, ce dernier a été déclaré mort à la suite d’un accident de la circulation, il y a deux jours. Titillée par ces faits hors normes, Annie Mitchum se met aussitôt en quête pour retrouver la trace de ce mystérieux personnage et comprendre réellement la teneur de cette affaire peu ordinaire qui va être de nature à ébranler la plus haute autorité américaine.

 

Par phibes, le 23 octobre 2011

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Notre avis sur ANKH #1 – Je renais de mes cendres

C’est donc chez l’éditeur Manolosanctis que paraît la dernière création d’Antoine Ozanam, auteur qui creuse sa place dans le monde du 9ème art grâce à une bibliographie conséquente et assez hétéroclite (We are the night, Les âmes sèches, E dans l’eau, Le roi banal…). Avec Ankh, ce dernier nous entraîne dans un récit fort où se mêlent enquête policière et soupçon de fantastique, récit au titre singulier tirant à la fois sur la symbolique égyptienne synonyme de vie et sur l’anagramme du prénom du personnage principal.

Avec ce premier épisode, l’intrigue est à son comble, portée par cet énigmatique protagoniste qui n’en finit pas de disparaître et réapparaître. Cette omniprésence suscite adroitement bien des questions et transporte le lecteur ainsi que, d’ailleurs, la jeune enquêtrice Mitchum dans des ambiances étranges, s’éloignant de toute normalité. Il va de soit que ce premier opus qui installe les faits grevant toutes les strates de la société américaine (du joueur de bolto de rue au Président des Etats-Unis, ne répond pas à ce questionnement mais laisse présager quelques pistes qui pourraient ouvrir, lors du prochain tome, les portes du fantastique.

Les péripéties contées, de par la fébrilité ambiante, occulte l’ennui et se révèlent même très prenantes. Déroulant celles-ci selon un ordre chronologique, Antoine Ozanam enchaîne les situations en alternant les nombreux personnages liés de près ou de loin au fameux Chavez. A ce titre, on pourra apprécier la façon dont le scénariste assure ces liens entre ces derniers dans des explications qui tombent juste. Toutefois, on mettra un petit bémol sur l’intérêt de donner une autre identité à Chavez (Bernie Gomez) qui a pour effet de déstabiliser la lecture (c’est certainement voulu mais là aussi, la question reste en suspens). Par ailleurs, si Chavez draine une certaine énigme, Annie Mitchum, l’agent d’assurance, fait preuve elle aussi d’un certain particularisme (au niveau physique et moral). Par ce biais, cette dernière nous réserve quelques bonnes surprises.

Le découpage nerveux mis au point par Etienne Guignard qui signe ici sa première série est réellement audacieux. Un tant soit peu caricatural pour ses personnages et drainant une violence caractéristique, son dessin, sombre et lisible au demeurant, se meut dans des ambiances sciemment pesantes de par l’usage d’un encrage très prononcé. Les perspectives qu’il use sont bien efficaces, se révélant dans des plans où le mouvement a été judicieusement travaillé. Appuyé par une colorisation adéquate, l’ensemble graphique dévoile un potentiel plaisant à aborder.

Un début d’intrigue policière sombre convaincant qui, de par sa finalité, donne inévitablement envie de lire la suite.

 

Par Phibes, le 23 octobre 2011

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