Appelée La Pucelle, misérable pécheresse ...
Tout le monde connait l’histoire de la Pucelle d’Orléans qui, au début du XVème siècle, va se rendre à Chinon pour y rencontrer le Roi Charles VII et qui parvient à convaincre le souverain de lui confier une armée pour libérer le royaume de France des Anglais et des Bourguignons.
Comment une simple bergère peut elle parvenir à un tel résultat, devenir chef de guerre dans un monde d’hommes. Est-ce l’œuvre de Dieu comme l’Histoire le prétend où d’autres divinités sont elles à l’œuvre ?
Par olivier, le 18 avril 2012
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ISBN :
9782917237342
Notre avis sur Appelée La Pucelle, misérable pécheresse …
Jeanne d’Arc dont l’histoire alimente la légende, figure emblématique de la France, revendiquée par certains qui en font leur porte étendard, synonyme de résistance, de foi et d’abnégation, elle est l’image de la jeune fille pure, guidée par Dieu et morte en martyr pour défendre la France contre l’ennemi Anglo-Bourguignon.
Mais, si tout ce que l’on nous enseigne n’était finalement que poudre aux yeux, si la Jeanne que l’on nous présente depuis sa réhabilitation et sa canonisation n’avait pas été guidée par le Dieu des chrétiens mais par Cernunnos, Dieu des anciennes religions, le grand Cornu qui préside au sabbat des sorcières.
Valérie Mangin et Jeanne Puchol nous offrent une vision toute personnelle de La Pucelle, une vision de l’histoire qui met Jeanne en situation de choisir sa destinée et non plus de la subir, comme imposée par les voies divines.
Initiée très tôt, Jeanne choisira, en toute connaissance de cause, une vie courte mais héroïque à l’ennui d’une vie morne et sans relief, la contrepartie de ce cadeau des anciens sera son sacrifice sur le bucher.
Valérie Mangin prend le contrepied de l’histoire en mettant en avant les sorcières, celles que l’on a toujours prétendues victimes innocentes d’une religion hantée par l’angoisse du malin, écoutant la vindicte populaire, superstitieuse et ignorante en condamnant toute différence ou revendication. Ce sont bien les femmes qui sont remisent au centre de l’Histoire, celles qui, dans l’ombre, sous l’auréole de la déesse lune gouvernent, influencent et dictent le chemin. Jeanne, elle, ira plus loin, pour obtenir cette gloire éternelle qui lui vient des anciens dieux, jusqu’au sacrifice ultime à Cernunnos.
C’est une relecture totale de l’histoire que nous offrent les deux auteures, un prisme étonnant qui justifie les buchers comme un sacrifice aux anciennes divinités, le sacrifice ultime des femmes, protectrices, mères, femmes et amantes.
Ces sorcières engendrées par l’inquisition revendiquent ici leur place, leur liberté et leur libre arbitre, loin des pratiques sataniques, des balais, des chats noirs et des relations charnelles avec les suppôts de Satan.
En s’appuyant sur la trame historique telle quelle nous est connue, Valérie Mangin réécrit le mythe de la Pucelle et au-delà, cette courte période de notre histoire, une année qui modifia le visage du pays.
De cette période de notre histoire, deux figures restent dans la mémoire collective, celles de Jeanne d’Arc et Gilles de Rais, tous deux pour des raisons fort différentes mais intimement liées par la scénariste.
Entre vérité historique et légende, chacun s’invente sa Jeanne et celle de Valérie Mangin et Jeanne Puchol en introduisant une part de romantisme, d’amour, de folie et de perversion redonne à l’histoire un souffle ardent, un ton mordant, loin de la guimauve d’Epinal que l’on a coutume de nous servir et que s’est appropriée une frange du monde politique.
Le premier tome de cette histoire est paru l’an passé chez Dupuis qui n’a pas jugé bon de publier la suite et c’est un beau cadeau que nous font les éditions des Ronds dans l’O qui, non seulement publient l’intégralité du récit de Valérie Mangin, mais nous l’offrent avec le trait en noir et blanc de Jeanne Puchol, débarrassé des couleurs qui l’écrasaient quelque peu. C’est une véritable redécouverte du dessin, fin, précis et élégant qui apporte au récit le bruit et la fureur de la bataille et la douceur inquiète et torturée des moments de répit pour le corps mais pas pour l’âme ni pour le cœur.
Moi, Jeanne d’Arc est un superbe récit qui rompt avec l’orthodoxie littéraire et apporte la preuve, si besoin en était, que la légende appartient à celui ou à celle qui l’écrit.
Par Olivier, le 18 avril 2012
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