Après la Rafle (Nouvelle édition)

Joseph Weismann est un gamin juif de Montmartre, âgé de onze ans lorsqu’il arrêté avec sa famille, par des gendarmes français, au matin du 16 juillet 1942. C’est la Rafle du Vel’ d’Hiv’. Emmenés au camp de transit de Beaune-la-Rolande, il est arraché de ses parents et de ses sœurs qui vont être déportés et exterminés à Auschwitz. Jo décide de s’évader avec un autre enfant.

Par v-degache, le 24 février 2025

Notre avis sur Après la Rafle (Nouvelle édition)

Les 16 et 17 juillet 1942, près de 13000 juifs, majoritairement étrangers, sont arrêtés, sur demande des Nazis, par la Police et la Gendarmerie françaises, le Gouvernement de Vichy ayant obtenu que les enfants de moins de seize ans « accompagnent » leurs parents… L’histoire retiendra ce drame, symbole de la politique de déportation et d’extermination de l’Allemagne nazie, et de la collaboration de l’État français, sous le nom de Rafle du Vel’ d’Hiv'.

Joseph Weismann, né en 1931, survivant de la Rafle du Vel' d'Hiv', en 2018

Joseph Weismann a lui 11 ans lorsqu’il est arrêté au matin du 16 juillet, avec ses parents et ses deux sœurs. Après le regroupement dans des conditions désastreuses au Vel’ d’Hiv', ils sont envoyés au camp de transit de Beaune-la-Rolande, dans le Loiret. Alors que sa famille est déportée à Auschwitz, où elle sera gazée dès son arrivée, Joseph reste interné dans le même camp. Se liant d’amitié avec le jeune Jo Kogan, ils décident de s’évader.

Défilé militaire au Vel' d'Hiv', le 19 mars 1913.

A l’occasion du 80ème anniversaire de la Libération du camp d’Auschwitz, les éditions Les Arènes sortent une nouvelle édition augmentée d’un cahier historique de l’album Après la Rafle, avec une nouvelle couverture. Scénarisé par Arnaud Delalande, en collaboration avec Joseph Weismann, l’ouvrage part des retrouvailles, en 1965, des deux Jo, pour retracer ce drame qui conduira près de 4000 enfants vers la mort, et dont la France n'assumera sa part de responsabilité qu’en 1995, Jacques Chirac reconnaissant enfin que « la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable ».

Du regroupement au Vel’ d’Hiv', temple du sport parisien, au camp de transit de Beaune-la-Rolande, on suit le parcours du jeune Joseph, en parallèle de l’horreur vécue par les milliers de ses coreligionnaires. Récit de la déportation, de la collaboration et de l’antisémitisme, actes héroïques, médiocrité et pleutrerie de Français anonymes, humanisme d’un gendarme ou d’un simple quidam, ainsi qu’un devoir de mémoire dont s’empare Joseph Weismann suite à sa rencontre avec Simone Veil, l’ouvrage est riche et forcément puissant. Laurent Bidot signe une reconstitution convaincante et un dessin expressif, restituant bien cette peur omniprésente face à l’inconnu et à la barbarie de l’occupant, couplée à celle des collaborateurs. La colorisation de Clémence Jollois fait dans la sobriété, participant pleinement à la justesse de l’album.

Les cinéphiles français avaient subi en 2010 le médiocre film de Roselyne Bosch, La Rafle, qui s’inspirait en partie du destin de Joseph Weismann. Lourdement pédagogique, dans un Paris « à la Amélie Poulain », ampoulé d’un pathos parfois malvenu, ridicule dans l’interprétation d’un Udo Schenk grimé en Hitler ou d’un Gad Edmaleh révolutionnaire trotskyste, la reconstitution du Vel’ d’Hiv' et la rigueur historique dont se prévalait le métrage ne parvenant pas à sauver celui-ci… Après la Rafle réussit à éviter tous ces écueils grâce à l’écriture juste de Delalande et aux choix graphiques de Bidot.

Camp de transit de Beaune-la-Rolande, d'où Joseph Weismann et Jo Kogan s'évaderont.

Cette nouvelle édition d’Après la Rafle est une belle occasion de rattraper votre retard de lecture et de découvrir le récit de Joseph Weismann, jeune garçon emporté par le tourbillon de ces années mortifères.

Par Vincent, le 24 février 2025

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