Après le 13 novembre
Sophie était au Bataclan le 13 novembre 2015. Lors de l’attaque terroriste, elle a pris deux balles dans les jambes et l’une d’entre elles est restée logée dans la région de son bassin. A l’hôpital, on lui a dit qu’on pouvait lui extraire cette balle, mais que pour cela il allait falloir lui fracturer l’os du bassin. A cette solution, et quelque part "pour essayer d’en finir au plus vite avec tout ça", elle a préféré la solution alternative : garder en elle l’objet étranger et s’en retourner chez elle.
Même si sa volonté était de passer à autre chose, les rendez-vous à l’hôpital, les passages à la pharmacie, les consultations chez des psys et la maladroite empathie qu’elle recevait des gens, tout ramenait Sophie à son traumatisme et à la culpabilité qu’elle nourrissait d’avoir survécu à l’attentat. Même les parcours administratifs au bout desquels elle devait recevoir des aides étaient des épreuves qu’elle vivait très mal, racontant sans cesse son histoire dans les détails, voire sentant qu’on la prenait pour une menteuse ou pour une profiteuse…
Quand elle décida de quitter Paris dans un nouvel espoir de couper les ponts avec cette maudite soirée et d’enfin vivre une seconde vie, ce fut pour apprendre que la balle qu’elle avait gardée l’empêchait d’avoir un enfant.
Par sylvestre, le 14 octobre 2022
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Collection s :
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Sortie :
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ISBN :
9782413043522
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Notre avis sur Après le 13 novembre
Quelques planches illustrent bien ici ou là la tuerie du Bataclan mais l’attentat en tant que tel n’est pas le cœur du sujet, pas plus que ne le sont les motivations des assassins, l’enquête policière ou le procès qui s’est pourtant terminé quelques mois seulement avant la parution de cette BD.
Sophie Parra est une rescapée de l’attentat et dans son cheminement vers une complète digestion de ce traumatisme qu’elle a vécu sur place ce soir-là, participer à la réalisation de cette bande dessinée était une étape nécessaire. On découvre dans son témoignage qu’elle l’a racontée à maintes reprises, son histoire ! Aux policiers, aux gens qui l’ont soignée ou suivie, à son entourage… Avec cette bande dessinée Après le 13 novembre dont elle co-signe le scénario avec Davy Mourier, Sophie Parra ne la raconte pas vraiment une fois de plus : elle s’attache plutôt à nous montrer ce que fut pour elle "l’étape après", le temps de la reconstruction physique mais aussi psychologique.
Elle est au fond du seau après l’événement, Sophie. Et on peut aisément le comprendre ! Le choc de n’avoir pas tout compris tout de suite, le choc d’avoir eu très très peur, le choc d’avoir vu, vécu et senti des choses horribles… La douleur physique due à ses blessures, les multiples angoisses qui se sont invitées dans sa vie de tous les jours… La prise de recul et ce sentiment que plus grand-chose n’a vraiment d’importance quand on est un miraculé, ou l’impression qu’on restera tout seul dans sa bulle, persuadé que jamais personne ne pourra vraiment comprendre… Pourtant Sophie le sait : elle ne peut pas rester prostrée et elle doit agir. Elle fait ce qu’il y a à faire du côté des parcours médical et psy, mais elle apprend aussi que d’autres pistes sont à suivre, relatives par exemple à la communauté des gens qui sont dans le même cas qu’elle ou relatives aux aides dont elle peut bénéficier en qualité de "victime de guerre" ; mais encore faut-il le savoir ! Et c’est cela qu’elle nous raconte, entre humour (parce qu’il faut avancer) et déconfiture (parce que c’est fou ça, le nombre de fois où elle doit se justifier, qu’elle doit apporter des preuves, qu’elle doit répondre à des questions qui semblent sorties de nulle part, etc, etc alors qu’elle est une victime et qu’elle demande – pour faire court – à être enfin réconfortée plutôt que secouée !)
Le dessin de Gery qui signe ici sa première BD pourrait être qualifié de simple mais il est en tout cas à la mode puisqu’on retrouve son style dans de nombreuses BD-blogs ou autres BD autobiographiques "vie quotidienne". Mais mettons-nous d’accord : qu’il soit "simple" n’est pas grave du tout. Au contraire, il apporte de la légèreté au difficile parcours de Sophie Parra alors qu’un dessin plus réaliste aurait fait plus reportage que témoignage. Là, Sophie se confie aux lecteurs pour leur expliquer ce par quoi elle est passée, elle ne monte pas un dossier pour en faire une arme.
Différents attentats qui ont meurtri la France sont encore bien d’actualité à la date de cet avis bien qu’ils aient eu lieu des années auparavant. Le temps de la stupeur, le temps des enquêtes, le temps de se relever pour en parler… La sortie de Après le 13 novembre nous livre un éclairage intéressant sur le combat des victimes d’attentats dans notre société française et rend bien évidemment hommage à tous ceux qui sont morts et dont on aurait préféré lire les témoignages aussi.
Par Sylvestre, le 14 octobre 2022
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