Arca
Effie a toujours vécu à bord de l’Arca, un vaisseau arche, construit par un groupe de riches privilégiés qui, voyant l’état de la planète empirer, ont décidé de s’exiler dans l’espace, à la recherche d’un hypothétique Eden qui leur permettra de reconstruire la civilisation. Cependant, à bord de l’Arca, les règles de société sont très hiérarchisées, elles entretiennent les inégalités.
Effie, qui fait partie de la caste des « Pionniers », a passé sa jeunesse a servir ceux qu’on appelle les « Citoyens ». A ses 18 ans, ce sera sa Certification, elle sera alors exemptée de toutes ces tâches de servitude… Mais la jeune fille, plus lucide que la moyenne, commence à s’interroger… Que se passera-t il ensuite ?
Par fredgri, le 25 mars 2024
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9791032408018
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Notre avis sur Arca
Van Jensen et Jesse Lonergan imaginent donc, avec Arca, une société d’exilés qui, en essayant d’atteindre un hypothétique Eden, tente de construire une sorte d’utopie basée sur l’ordre, la discipline, mais surtout sur une hiérarchisation de classes.
Au sommet, on a les Citoyens, des privilégiés sensés représenter en quelque sorte l’élite de cette micro-société. Ils ont à leur service un premier rang d’assistants qui s’occupent de la sécurité principalement. Puis, il y a le degré le plus bas, les pionniers qui sont en charge de tout le reste. Dès leur plus bas âge, en sortant de l’école, ils sont formés à servir les Citoyens, à s’occuper de la ferme qui procure la nourriture à la population, ils gèrent aussi le recyclage des déchets, les machines diverses, jusqu’à leur 18 ans ou ils obtiennent leur Certification qui les libèrera de leurs devoirs de servitude… Ils sont le cœur de ce monde qui vit dans l’espoir qu’un jour ce sera la fin du voyage.
Au centre du récit, on a Effie, de son vrai nom Perséphone, c’est une pionnière qui va bientôt être certifiée, ce qui lui permettra d’accéder aux étages supérieurs, avec tous ceux qui l’ont précédée. Cependant, par affection et voyant que la jeune fille avait des prédispositions à la curiosité, un citoyen lui a secrètement appris à lire depuis qu’elle est petite, lui donnant ainsi accès à sa bibliothèque, à des œuvres qui l’ont petit à petit amené à affiner son intellect, à nuancer ses idées et peut-être même à voir au-delà des apparences. Lorsqu’elle découvre malencontreusement un os humain dans la terre des jardins, elle se pose des questions et en vient logiquement à s’interroger sur le devenir des certifiés et la véritable nature de cette société…
Arca se présente donc comme une très intéressante dystopie qui, même si les auteurs reprennent tous les codes du genre, développés dans de nombreux films, livres ou même albums de bande dessinée, n’en reste pas moins extrêmement pertinente sur le fond. Le conditionnement social, le maintien d’une structure pyramidale hermétique, une prise de conscience « populaire », sont tous des éléments qui permettent d’observer notre propre rapport au monde qui nous entoure, quand bien même il s’agit avant tout d’une fiction.
Effie accède à la culture, ce qui lui ouvre l’esprit à un stade de réflexion inhabituel pour sa condition de servante. Le scénario décortique son processus de prise de conscience, c’est assez habilement mené sous la forme d’un thriller plein de rebondissements ou l’on découvre à la fois le fonctionnement de cet univers et les enjeux qui se devinent dans les réactions des Citoyens qui voient d’un assez mauvais œil la curiosité intrusive de la jeune fille.
On se dit juste que l’intrigue aurait peut-être méritée d’être davantage développée, moins rester en surface. Jensen laisse volontairement quelques éléments au second plan, comme les personnages secondaires ou des questions comme le devenir des certifiés mâles… C’est aussi lié au fait que l’histoire est dense et complexe, le scénario aborde beaucoup de choses et on se laisse très facilement entraîner dans les réflexions d’Effie, de sa prise de conscience. De ce point de vue, c’est très efficacement géré, on n’en lâche pas une miette du début à la fin.
Sans oublier les très belles planches de Jesse Lonergan qui adopte une narration très cinématographique, très fluide et très expressive.
Une belle surprise.
Très conseillée.
Par FredGri, le 25 mars 2024