Arrêt de jeu

Maxime a le foot dans la peau. Il est capable d’y jouer des heures, avec son frère, ou ses amis. Puis, la vie suivant son cours, il doit quitter le cocon familial et s’installe à Bruxelles pour suivre des études d’illustration et de bande dessinée. Le foot, c’est désormais du passé !

Puis, à coups de flashbacks, le lecteur découvre que les raisons de cet abandon du ballon rond s’avèrent plus complexes que cela, touchant à l’intime. Max, ado, avait réussi à intégrer une sélection élite juniors. Dans un premier temps heureux, il a vite déchanté sous les engueulades d’un entraineur hurlant sur des gamins. Le foot devient alors une contrainte, mais Max accepte, change son jeu, ainsi que sa mentalité.

Devenu homme, Maxime s’interroge sur cette jeunesse. Pourquoi avait-il une boule au ventre en jouant ? A-t-il fui sous la pression psychologique, les douleurs physiques, la peur de l’échec, les humiliations, la concurrence, la perte de plaisir du jeu ? Les échanges avec sa nouvelle amie Mélanie vont l’aider à faire ce nécessaire retour dans le passé.

Cette auto-fiction en vert et blanc est signée par Maxime Schertenleib (dessin et scénario), qui a connu le foot de haut niveau en jouant au Yverdon Sport FC, en Suisse. On est bien loin de la BD exaltant les valeurs du sport et le dépassement de soi. Derrière cette trajectoire personnelle, il y a un véritable questionnement sur les violences dans le football, quelque soit le niveau auquel il est pratiqué, la masculinité toxique, le racisme, l’homophobie. Les attitudes honteuses de Mohamed Camara (Monaco), Mostafa Mohamed (Nantes) et Nabil Bentaleb (Lille), lors de la 34e et dernière journée de Ligue 1, le 19 mai, dédiée à la lutte contre l’homophobie, ne font que donner plus de poids aux propos de l’auteur.

Ouvrage cathartique, dont la postface est signée Chérif Ghemmour, cofondateur de l’indispensable magazine So Foot, Arrêt de jeu propose une réflexion sans concession sur ce sport formidable qu’est le football, mais dont les belles valeurs peuvent être très vite oubliées.

Fortement conseillée en plein Euro 2024 !

Par V. DEGACHE, le 14 juin 2024