Arrête d'oublier de te souvenir

Peter Kuper est un auteur reconnu dans le milieu de la bande dessinée indépendante américaine et collabore régulièrement avec des journaux tels que Newsweek, The New Yorker ou Time Magazin… Mais autant le dire tout de suite, je n’ai vraiment pas été emballé du tout par cette bédé. Rien à redire sur la forme, bien au contraire. Le récit commence en octobre 1995, un homme en train de travailler semble soudain surpris en réalisant qu’on l’observe, il s’adresse alors aux lecteurs et nous explique directement qu’il se nomme Peter Kuper et qu’il est auteur de bande dessinée américaine, etc… Le trait avec son petit côté "journalistique" à l’encrage épais et légèrement rehaussé par des nuances de gris nous transporte avec douceur tout au long du récit et contraste bien avec le dessin plus souple en monochromie dans les tons de marron destiné aux souvenirs de son adolescence. On suit donc d’une part le quotidien sur une dizaine d’années de Peter Kuper adulte, quotidien notamment marqué par la naissance de sa fille Elli. Et puis parsemé tout au long des 234 de ce roman graphique, un certain nombre d’anecdotes du temps où Peter Kuper était adolescent, ces souvenirs savamment intégrés, permettent un parallèle entre la vie de l’ado et celle de l’adulte afin de nous éclairer sur les agissements de ce dernier. Dit comme ça donne envie… Mais là où le bât blesse, c’est au niveau du fond et de son manque de pertinence ! Quand un auteur décide d’écrire son autobiographie, c’est qu’il s’imagine que ce qu’il a raconter est intéressant, que son témoignage peut toucher des gens, or ici on est face à un grand déballage d’archétypes et de banalités manquant cruellement de sentiments et d’émotion. L’auteur nous raconte sa vie avec une complaisance écœurante et sombre dans le dangereux cliché qui consiste à réduire l’adolescence à une période où on ne cherche qu’à perdre son pucelage et se droguer…

Là où on pouvait s’attendre à découvrir un récit touchant qui nous rappellerait nos propres expériences et engagerait une possible réflexion, on fait face à un récit nombriliste et hermétique qui un peu à l’image de son titre, Arrête d’oublier de te souvenir, sous des airs alambiqués ne parvient finalement pas à grand chose. Toutefois et j’en conviens bien, ceci est un avis assez personnel et cette bédé saura sûrement trouver son public, je pense simplement ne pas en faire partie.

Par melville, le 22 novembre 2009