ARTE
Volume 1

Kei Ohkubo nous entraîne dans les rues de Florence en pleine Renaissance, avec cette multitude d’ateliers, ce foisonnement culturel qui marquera à jamais l’Histoire. La jeune auteure nourrit le récit de mille et un détails, elle s’est documentée et elle enrichit ses planches d’une authenticité fascinante.

On suit cette jeune Arte dans ses doutes, ses tentatives infructueuses pour rejoindre les ateliers d’artistes peintres qui la repoussent inlassablement pour la seule raison qu’elle est une femme. Au bout d’un moment elle finit par rencontrer le mystérieux Leo, qui accepte de la prendre comme apprentie. C’est une nouvelle vie qui s’offre à elle, même si cela commence par des moments assez durs et éprouvants. Léo veut s’assurer qu’elle est résolue à aller jusqu’au bout !
C’est un très adroit moyen pour glisser tout un tas d’informations sur le quotidien de l’époque (comment fonctionne un atelier, comment on fait du pain, la place de la femme dans la société, le pouvoir de l’argent, les mécènes, ou encore l’hérésie de la dissection interdite par l’Eglise…)

Alors pour ce premier volume l’accent est vraiment mis sur la place de la femme, sur ce qui lui est permis et ce qui lui est refusé. Histoire d’accentuer la marginalité de la jeune héroïne, de lui installer un cadre à part. C’est très bien vu, car ainsi on peut aussi voir le portrait d’une société extrêmement machiste (le parallèle avec les récentes actualités se fait tout seul !) qui n’offre des opportunités variées qu’aux hommes !

A partir de cette base historique, Kei Ohkubo nous dépeint une sorte de douce uchronie dans les traces de cette jeune Arte, enthousiaste et volontaire qui veut absolument réaliser ses rêves et vivre par ses propres moyens.
Bien sur, on n’échappe pas à un certain côté forcé dans les caractérisations, toutefois je trouve aussi que l’auteure modère ses caricatures pour rester la plus cohérente possible. C’est vraiment du très très bon boulot qui mêle adroitement réalisme historique et intrigue initiatique, avec ce qu’il faut de légèreté et de tension.
On sent bien que le propos n’est pas de se lancer dans des grandes envolées sensationnalistes, ni même de bosser un portrait exceptionnel, mais on a envie de se retrouver aux côtés de cette jeune fille pétillante et résolue !

Une série qu’il faut surveiller, non seulement pour la qualité de son scénario, mais aussi pour la beauté de ses planches très impressionnantes !

Vivement Novembre donc !

Par FredGri, le 25 septembre 2015