Asile !

En 1483, ayant hérité de la garde du prince ottoman Djem fuyant l’empire dont il aurait pu hériter et son frère sultan Bayésed, le seigneur Barachin Alleman l’a hébergé dans sa haute et impressionnante forteresse de Rochechinard dans la Drome. Evidemment, cet évènement qui ne passe pas inaperçu, incite ses voisins à rencontrer son protégé. En particulier, le seigneur Jacques de Sassenage qui s’est empressé d’inviter Barachin et le fils de Mehmed II à venir le visiter en son château. C’est lors de leur entrevue que Djem remarque la fille de leur hôte, la belle Philippine. Après un retour durant lequel le prince étranger évite la mort de justesse, Barachin s’aperçoit au fil des jours que celui-ci a été gagné par la mélancolie. Ce dernier lui avoue alors son attirance pour la belle chrétienne Philippine mais s’inquiète des répercussions inquiétantes d’un tel amour sur ces fidèles. Est-ce qu’il pourra-t-il assouvir cet amour naissant ?

Par phibes, le 24 mars 2023

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Notre avis sur Asile !

Connu entre autres pour sa série futuriste Septentryon, son diptyque Le Mal, son one-shot fantastique Hamelin, André Houot vient nous proposer une page d’Histoire. Elle se veut liée à un prince ottoman, Djem, qui a dû chercher asile en France à la suite de son différend avec son frère dans le cadre de la succession de leur père pour la gestion de leur empire.

Nous sommes donc au 15ème siècle, le prince Djem vient, au terme de deux années d’errance sur le territoire français, échouer dans la Drôme sous la protection du seigneur de la citadelle vertigineuse de Rochechinard. André Houot imagine, sous le couvert des légendes du cru qu’il connaît bien pour y habiter, une romance certes enfiévrée mais contre nature, entre la fille d’un seigneur voisin et le prince turc.

Utilisant pour la narration les confidences à son épouse décédée du châtelain Barachin Alleman, l’auteur trace avec une belle rigueur ce périple amoureux difficile dans un contexte historique superbement cadré. Pour cela, il fait appel à des personnages pour le moins charismatiques en commençant par Djem lui-même, prince éperdu en quête d’une certaine stabilité et trouvant une âme complice. Philippine apporte ce brin de féminité qui sied à une telle intrigue amoureuse, troublante et sentimentale et qui se voit renforcé par l’intervention de la jeune Isabeau et son espièglerie.

La partie historique de ce récit est confortée par le dessin très réaliste de l’artiste. Les décors qu’il s’emploie à fignoler avec des détails impressionnants sont de toute beauté, en particulier la forteresse de Rochechinard (aujourd’hui en ruines) croquée sous tous les angles, rehaussés par une colorisation de choix. Le jeu des personnages est également averti, la finesse de leurs traits, leurs expressions restent dans des effets bien concluants.

Une bande dessinée historique de qualité à savourer pleinement, d’autant plus qu’il s’agit de la dernière œuvre que l’artiste publiera, celui-ci ayant décidé de mettre un terme à sa carrière. Dommage ! A noter qu’elle est également publiée dans une autre version au format plus grand, en noir et blanc.

Par Phibes, le 24 mars 2023

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