ASPIC, DÉTECTIVES DE L'ÉTRANGE
La naine aux ectoplasmes
En cette fin du 19ème, la haute société parisienne se voit privée de l’un de ses plus grands médiums, Kathy Wuthering. En effet, cette dernière a disparu après que son domicile ait été mis sens dessus dessous et que l’on ait retrouvé uniquement ses deux globes oculaires. L’inspecteur Nimber est chargé de l’enquête et, complètement dépassé par les évènements, fait appel au détective Auguste Dupin et à sa célèbre clairvoyance. Alors que les deux limiers se lancent sur les traces de celui qui s’est rendu coupable de ces faits pour le moins étranges, l’exubérante stagiaire de Dupin, Flora Vernet, qui souhaite se destiner au métier de son tuteur, participe également, malgré sa féminité, à la défense de la veuve et de l’orphelin, et se jette en parallèle dans une affaire de vol d’une montre à gousset. De par leurs investigations séparées, ne seront-ils pas appelés à un moment donné à se croiser voire à se compléter ?
Par phibes, le 16 février 2010
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Scénariste :
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dessinateur :
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Sortie :
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ISBN :
9782302009479
Notre avis sur ASPIC, DÉTECTIVES DE L’ÉTRANGE #1 – La naine aux ectoplasmes
2009 a été un très bon cru pour Thierry Gloris qui, après Souvenir d’un elficologue, Le codex Angélique T3, Malgré nous, Missi Dominici et Saint-Germain, repart en cette année 2010 sur les chapeaux de roue en nous présentant sa nouvelle série fleurant bon le policier mêlé de fantastique. S’associant au dessinateur de grand talent, Jacques Lamontagne, il nous immerge dans le Paris de la fin du 19ème, dans les méandres d’une enquête policière pour le moins étrange (d’où le titre).
Pour les besoins de son histoire, le scénariste fait un gros clin d’oeil au romancier Edgar Allan Poe en lui subtilisant l’un de ses personnages clés de sa trilogie policière (Double assassinat dans la rue Morgue, Le Mystère de Marie Roget, La Lettre volée) en l’occurrence le détective Auguste Dupin (sorte de Sherlock Holmes à la française). Il lui adjoint un autre personnage toute en érudition féminine et en effronterie, l’ardente Flora Vernet, qui nous assure une présence pleine de sel et de charme.
Si dès le départ, on flotte de façon surprenante dans l’onirique fantomatique (l’apparition de Nostradamus est des plus curieuses) presque cartoonesque, l’aventure policière reprend ses droits dans des circonvolutions plus réalistes un brin décalées dès l’apparition des enquêteurs. Le caractère étrange dont le titre est évocateur se perpétue tout au long du récit grâce à l’ambiance que suscitent l’apparition du tueur au masque d’Anubis, la découverte macabre de cadavre énucléé, la réunion d’une confrérie du crime et surtout la disparition inexpliquée de Kathy Wuthering.
Thierry Gloris gère subtilement son intrigue en jouant sur les caractères marqués de ses personnages, sur les quelques indices qu’il veut bien nous lâcher et sur l’utilisation d’une dérision adroitement distillée dans les agissements de ces derniers. A ce titre, si Auguste Dupin est du genre sérieux et posé (école ancienne), Flora Vernet se trouve à l’opposé de ce dernier, déjà en tant que représentante de la gente féminine dénigrée à cette époque, et également incarnant la vitalité, la frénésie et l’intrépidité épidermique (nouvelle école).
Le récit se divisant en deux enquêtes bien distinctes (du moins pour le moment), le lecteur doit jongler sur les investigations qui avancent au gré d’un développement assurément bien cadré. On tremble, on rit, on suit aveuglément les tribulations des enquêteurs avec délectation et envie de connaître ce qui se trame derrière cette disparition.
On connaît le travail excellent de Jacques Lamontagne sur la série Druides. En cette nouvelle série, toute sa science picturale se ressent amplement. En effet, la qualité, le réalisme de ses dessins sont époustouflants. Personnages et décors sont réalisés dans des proportions généreusement détaillées au plus proche de l’authenticité. L’atmosphère de la fin du 19ème est bien perçue de par les nombreux accessoires que l’artiste dispense avec goût et se déguste à grandes pelletées d’effets colorisés avec une minutie confondante. C’est beau, c’est fort et c’est ensorcelant.
Un très bon premier opus qui marque une entrée en matière dans le genre policier fantastique des plus réussies et aux portes de l’étrange.
Par Phibes, le 16 février 2010
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