ASSASSINE
Assassine - Edition colorisée

Depuis deux mois, le violoniste Simon Davenport a perdu accidentellement sa femme Sylvia après une chute dans l’escalier de la cave de leur maison et a du mal à faire son deuil. Après une semaine de tournée, il rentre chez lui et découvre avec stupéfaction, dans le journal local, une photo récente sur la fête des Fous prise devant sa maison et qui fait apparaître à l’étage une ombre qui ressemble à sa femme. Interloqué, il va voir le commissaire Franzen pour lui signaler ce fait. Mais ce dernier n’est nullement convaincu par ses déclarations. Simon prend alors le parti de mener son enquête et commence par rencontrer la journaliste qui a pris la photo. Il en réfère aussi à son ami Pierre qui lui conseille de tourner la page. C’est alors qu’il tombe sur Casper Delorme, le patron de l’hôtel du Panorama pour le moins illuminé, qui lui fait part de sa théorie très spéciale. C’est lors d’une escapade en ce dernier établissement que Simon découvre que l’artiste qui se produit sur scène ressemble à s’y méprendre à Sylvia.

Par phibes, le 21 mai 2015

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Notre avis sur ASSASSINE # – Assassine – Edition colorisée

Toute nouvelle maison d’édition (la cinquième) à faire partie du groupe Paquet, Place du Sablon profite de sa spécificité (elle se consacre à la publication de BD Franco-belge) pour inaugurer son catalogue en mettant à l’honneur l’ouvrage à succès réalisé en 2004 par Patrick Delperdange et André Taymans, intitulé Assassine et paru chez Casterman dans la collection Roman

L’initiative est on ne peut plus louable par le fait qu’elle nous donne l’occasion de (ré)apprécier ce polar contemporain aux accents très prononcés de noirceur et d’étrangeté. Fort de cette mixité ambiante peu ordinaire qui entoure le personnage principal Simon, il va de soi que notre curiosité est piquée à vif. En peu de pages, on se laisse gagner par le trouble de celui-ci généré par la perte tragique de sa dulcinée et de sa surprenante réapparition.

Patrick Delperdange gère adroitement son récit de manière à l’imprégner d’une atmosphère lourde, entêtante, emplie de suspicion, d’émotions, de sensualité et de mysticisme. A cet égard, le scénariste saccade à souhait son histoire, mélangeant les différentes tranches de vie et les nombreuses voix-off, les associant de façon aléatoire, au point de susciter un étrange sentiment sur l’affaire concernée. Le trouble prend des proportions paroxysmiques par l’intervention de Casper dont le jeu machiavélique ne manquera pas d’éveiller bien des questionnements. Evidemment, les réponses attendues qui éludent toute banalité ne seront pas celles auxquelles on aurait pu s’attendre.

Côté dessins, André Taymans bénéficie d’un style qui s’apparente avec ce qu’il a l’habitude de réaliser dans des sagas comme celle de Caroline Baldwin. Dans un graphisme ligne-claire parfaitement éprouvé, l’artiste use d’un encrage subtil qui campe remarquablement les ambiances sombres et qui, pour cette republication (à l’origine en noir et blanc), a le privilège d’être rehaussée par la superbe palette de couleurs de Fabien Alquier.

Un polar noir remis au goût du jour par le label Place du Sablon, toujours aussi efficace et à (re)découvrir urgemment.

Par Phibes, le 21 mai 2015

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