ASTROLABE DE GLACE (L')
Les éphémérides perdues

En 1527, après avoir passé cinq années à croupir dans une prison d’Alexandrie, Bashir Hafez, astronome réputé, recouvre la liberté grâce à Hamman, un janissaire copte à la solde du Sultan Soliman. Ce dernier souhaite profiter de son érudition pour récupérer un livre d’astronomie sacré et codé qui se trouve en la ville de Rome. Considérant le manque d’intérêt de la mission proposée, Bashir s’en trouve quelque peu déçu. Toutefois, ce sentiment va vite se dissiper car le précieux manuscrit suscite d’autres convoitises pour le moins mortelles. Entre les mercenaires de l’empereur Charles Quint et les envoyés papaux, l’astronome va devoir, au péril de sa vie, louvoyer pour mener à bien sa mission à savoir trouver le fameux livre et par là même le légendaire astrolabe de glace.

 

Par phibes, le 9 octobre 2011

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Notre avis sur ASTROLABE DE GLACE (L’) #1 – Les éphémérides perdues

C’est un tandem d’auteurs d’origine typiquement italienne qui est à l’origine de cette nouvelle aventure. Luca Blengino (Gaijin, Flamingo…) et Antonio Palma se sont donc associés pour établir les bases de leur récit qui, sous la forme d’un diptyque annoncé, s’inscrit dans une période historique, celle du 16ème siècle et qui nous introduit dans une chasse au trésor pour le moins dépaysante.

Après un départ qui suscite bien des interrogations et qui donne déjà un très bon niveau d’intrigue, l’équipée proposée, structurée de manière très habile, complémentaire et parallèle, vient se concentrer sur celui qui va porter l’aventure (l’astronome mathématicien Bashir Hafez) au travers d’une quête animée et emplie d’un suspense délectable. Autour de ce dernier, vont graviter de nombreux personnages issus d’horizons différents, poursuivant eux aussi une même quête.

On pourra constater que Luca Blengino agence sa chasse au trésor (un livre sacré d’astronomie) dans des circonvolutions pointues, assise dans un contexte historique grouillant de personnages de nationalités différentes, eu égard aux tensions politiques internationales de l’époque (l’occupation ottomane de l’Egypte, la perspective de l’invasion de Rome par les armées impériales et mercenaires de Charles Quint, l’implication du pape Clément VII…). Assurément, le scénariste est à l’aise dans son histoire et nous le prouve en usant de dialogues ciselés on ne peut plus étoffés et bien évocateurs, auréolés d’effluves scientifiques, et en entrecoupant celle-ci de scènes actives.

On ne pourra qu’être subjugué par le travail époustouflant d’Antonio Palma. Signant ici son premier album et au regard de sa performance graphique, ce dernier démontre un savoir faire exceptionnel. Son trait est limpide, proportionné, harmonieusement colorisé, doté d’un réalisme quasi-photographique remarquable et fait la part belle à ses aptitudes indiscutables de portraitiste qu’il déploie dans l’étude de chaque protagoniste (du figurant au premier rôle) dans des perspectives habiles. A ce titre, ses personnages sont d’une beauté et d’une expressivité confondantes (cf. le cahier de croquis annexé et commenté par les deux auteurs), et possèdent l’avantage d’être reconnaissables. Idem pour les arrière-plans somptueux que l’artiste nous offre généreusement et qui ont le mérite de camper des ambiances historiques plaisantes à appréhender.

Un très bel album à ne rater sous aucun prétexte.

 

Par Phibes, le 9 octobre 2011

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