Atom[KA]

Pour la troisième fois, après Le syndrome [E] et Gataca, Sylvain Runberg et Luc Brahy s’associent à nouveau pour compléter l’adaptation en bande dessinée de l’excellente trilogie de la violence écrite par le fameux romancier Franck Thilliez. Pour ce faire, les co-auteurs remettent en scène les protagonistes principaux de la saga, Franck Sharko et Lucie Henebelle, flics au 36 quai des Orfèvres, dans une enquête pour le moins sombre et aux accents sordides.

Le travail de césure se veut des plus importants puisque Sylvain Runberg a dû détricoter un roman de quelques six cents pages pour en soutirer une histoire illustrée d’une centaine de planches. Il n’empêche que l’auteur atteint son but tant le résultat se suffit à lui-même et permet de passer un très bon moment de lecture.

Le processus de découpage utilisé est bien huilé et l’enchaînement des nombreuses séquences à travers les différents pays bénéficie d’une dynamique profitable. Le scénariste fait évoluer l’enquête du duo avec brio, en faisant enfler adroitement l’intrigue (fortement inquiétante au demeurant) qui tourne autour du meurtre d’un journaliste et d’un enfant, et la disparition d’une femme avec en toile de fond un mystère lié à l’hypothermie. Elle a même l’avantage de tisser un lien certain avec l’actualité guerrière que l’on connaît, lui donnant ainsi une certaine véracité Tous les ingrédients à la Franck Thilliez sont là pour susciter intérêt et sensations, restitués rigoureusement dans une configuration convenant au format utilisé.

Luc Brahy n’est pas lui aussi en reste. L’artiste réalise un très bon travail sur la restitution réaliste de l’enquête policière. Certainement rehaussé par la colorisation Greg Lofé, son dessin nerveux par moment met en valeur des personnages psychologiquement bien représentés et des décors authentiques bien léchés. Grâce à des aplats de noirs utilisés à bon escient accompagnés de scènes chocs, il parvient à plomber l’ambiance générale de ce thriller.

Une histoire policière oppressante pour une adaptation très efficace qui ne peut laisser le lecteur indifférent.

Par Phibes, le 4 octobre 2022