Au naturel

 
Mimi Stinguette… au naturel. Mais non, dites-voir… Pourquoi l’auteure Myriam Rak voudrait-elle qu’on fasse allusion au thon (voir la quatrième de couverture) alors que rak, en russe, ça signifie langoustine ?! Et puis le thon… c’est gris, à l’extérieur, non ? Alors que la langoustine… c’est rose ! Et bien figurez-vous que le rose, c’est sans doute une des couleurs les plus appropriées pour symboliser la collection de dessins humoristiques qui composent cet ouvrage et y dressant le portrait de Mimi Stinguette : une accro au shopping qui aime, comment dirais-je… regarder la vie du côté fille.

Alors oui, tout y passe : les kilos qu’on prend plus facilement qu’on ne les perd, la carte bleue qu’on fait "fumer", ces petits caprices de fiiiiiille et autres réflexions plus ou moins banales mais qui sonnent si juste et qui vous seront si familières ! La panoplie complète de la jeune femme moderne avec ses préoccupations quotidiennes, quoi. Dussent ces dernières relever du futile et de l’anodin… Mais pas de doute : c’est bien frais, tout cela (la langouste, oui, je vous l’accorde, c’est meilleur frais). Et c’est porté par un dessin qui fait très "cahiers d’adolescente", avec un trait amateur et une colorisation au feutre ! Mais c’est aussi malheureusement un peu trop cliché, un peu trop déjà vu…

A raison d’un dessin par page (à de très rares exceptions près où deux visuels se suivent pour former un gag en deux dessins), on apprend à connaître Mimi Stinguette et à retrouver en elle toutes ces petits traits de caractères ou ces attitudes qui la rendent sympathique ; mais aussi, en effet, on compare forcément cet ouvrage aux nombreuses autres publications similaires qui disent elles aussi toutes ces choses mais un peu autrement… C’est qu’il y en a, des éditeurs qui ont puisé dans la blogosphère pour y dénicher ces "posts (autobio)graphiques" et qui nous les ont proposés ensuite sur papier ! Alors évidemment, ceux qui font la démarche après les autres arrivent un peu en terrain occupé…

Rendons cependant à César ce qui appartient à César, car ce qu’il faut savoir dans notre cas, c’est que Myriam Rak a avant tout une formation de juriste, et non d’artiste. Elle n’était donc pas forcément attendue sur ce terrain là même si elle n’est pas la seule à avoir concilié sa vie professionnelle avec une activité d’auteur. Cet album est donc à prendre comme un encouragement – doublé d’une sacré cadeau : la publication ! – de la part d’un éditeur envers une femme à qui, on le suppose, ça a donné des ailes ; et qu’on sera donc curieux de retrouver soit dans la suite des "aventures" de Mimi Stinguette pour en voir l’évolution, soit sur un autre terrain de la bande dessinée, ce qui recréerait la surprise voire confirmerait un talent en devenir.
 

Par Sylvestre, le 8 septembre 2011