Au nom de Catherine

Catherine est de retour à Sèvres. Son amoureux, Etienne, lui a conseillé de s’accorder du temps afin qu’elle puisse définir ce qu’elle attend vraiment de la vie. Il n’a pas envie de quitter sa ville natale, mais il sent bien que la jeune femme bout et rêve de découvrir le monde.

Catherine se lance alors comme photographe professionnelle à Paris. Elle obtient un premier contrat auprès du journal l’Humanité, mais elle doit parvenir à s’imposer dans cette France d’après guerre encore très machiste.

Par legoffe, le 11 avril 2023

Notre avis sur Au nom de Catherine

J’avais été très marqué par La Guerre de Catherine, histoire bouleversante d’une adolescente juive pendant l’occupation nazie. L’autrice Julia Billet avait raconté avec beaucoup de sensibilité son destin, sa fuite face au danger nazi et sa passion pour la photographie, qui l’aidait à supporter cette vie pleine de menaces, mais aussi de belles rencontres.
L’album avait, d’ailleurs, obtenu le Fauve Jeunesse du Festival d’Angoulême 2018.

Nous retrouvons donc Catherine une année après avoir rejoint son amoureux, Etienne, à Riom. Une ville trop petite pour cette jeune femme qui rêve de raconter le Monde à travers le prisme de son RolleiFlex.

S’il n’est plus directement question de la Shoa, le livre aborde toujours la question des différences et des inégalités. L’époque ne manque pas, en effet, d’injustices à dénoncer. L’autrice évoque, en premier lieu, le combat des femmes pour obtenir toute leur place dans une société qui reste patriarcale. A cette époque, elles doivent encore avoir l’autorisation de leur père ou de leur mari pour avoir le droit de travailler ! Un exemple parmi d’autres…

De par son métier, Catherine va également partir pour les Etats-Unis et faire un reportage sur la ségrégation raciale. Si le sujet est développé plus en profondeur dans d’autres ouvrages, il n’en reste pas moins très touchant ici. Il permet de faire le parallèle entre le vécu de la jeune femme sous l’occupation nazie et les horreurs dont sont victimes les gens de couleur dans un pays pourtant démocratique.

Julia Billet aborde aussi la question du pardon lors d’une séquence en Allemagne peut être un brin stéréotypée, mais touchante et pleine de promesses pour l’avenir.

Si ce livre est dans la continuité du premier ouvrage, il diffère, d’abord, par l’ambiance. Catherine est moins victime et toujours plus témoin de l’époque dans laquelle elle évolue. Le propos reste fort, mais le ton est moins dramatique, l’ambiance moins oppressante.

Quant aux dessins, ils sont maintenant signés Mayalen Goust. Ils perdent en douceur et en naïveté. Le style, s’il reste épuré, devient plus adulte et peut être un peu plus froid, du moins au début. Le visage de Catherine et les couleurs des planches évoluent ensuite, reflétant – à leur manière – l’évolution de la jeune femme qui s’affirme progressivement, mue par ses convictions. Mayalen Goust s’affranchit ainsi avec brio du premier ouvrage et construit l’héroïne avec une vision et une touche toutes personnelles.

En évoquant des sujets majeurs de société, cette suite s’avère, certes, moins intense que le premier opus, mais elle n’en est pas moins réussie. Chacun y trouvera de quoi méditer sur les maux qui tourmentent encore, hélas, le monde d’aujourd’hui.

Par Legoffe, le 11 avril 2023

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