AU NOM DU FILS (CIUDAD PERDIDA)
Première partie

Michel Garandeau travaille aux chantiers navals. Alors qu’il s’accorde une pause avec ses collègues, un flash radio lui apprend entre autre que les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes sont à l’origine du rapt d’un groupe de touristes sur le site précolombien de Ciudad Perdida. Au prononcé du lieu où se sont déroulés les évènements, Michel fait immédiatement le rapprochement avec le voyage que s’est payé son fils Etienne et qui devait le mener en Colombie. La pression médiatique et un appel du ministère français viennent lui confirmer malheureusement les faits. Toutefois, considérant le peu d’éléments dont bénéficient les autorités gouvernementales et le peu de confiance qui leur accorde, Michel se décide à partir lui-même à la recherche de son fils. Peu habitué à voyager, non préparé pour une telle équipée et bien esseulé, il essaye tant bien que mal, au gré des souvenirs qui ne tardent pas à affluer dans son périple et des différentes rencontres qui vont jalonner son parcours, de mettre ses pas dans ceux d’Etienne.

 

Par phibes, le 4 février 2011

Publicité

Notre avis sur AU NOM DU FILS (CIUDAD PERDIDA) #1 – Première partie

Après s’être fait la main sur l’adaptation du roman de Jean Claude Izzo, Les marins perdus, Clément Belin se décide à voler de ses propres ailes (du moins au dessin) en se lançant en association avec Serge Perrotin (Sphères, L’autre terre…) dans un diptyque aux accents dramatiques et de découverte pour une quête familiale improbable.

Fort de cette ambiance on ne peut plus délicate puisqu’il y est question d’enlèvement, le scénariste ne semble ne pas vouloir cacher sa large inspiration à l’affaire très médiatisée survenue il y a peu à Ingrid Betancourt. Toutefois, au regard de l’orientation de son récit, l’auteur échappe totalement à l’évocation iconographique de ladite affaire pour se focaliser sur une aventure beaucoup plus intimiste, éludant subtilement la grosse artillerie d’évènements. Portée uniquement par Michel, un père de famille tout ce qu’il y a de plus commun en quête de son fils disparu, cette dernière se définit dans un cadre restreint sans débordement scénaristique qui irait chercher des interventions alambiquées.

Ainsi, le lecteur est appelé à assister à une sorte de road-movie, un voyage intercontinental instantané organisé par un seul homme privé de son fils. Loin d’être un Rambo prêt à en découdre, ce dernier, au demeurant peu habitué à se déplacer hors de chez lui et d’une simplicité absolue, ne cultivant apparemment pas de rancœur exacerbée, Michel Garandeau se prépare à réaliser un périple qui va s’égrainer au fil d’évènements communs et de rencontres sensibles.

Sans violence aucune, Serge Perrotin nous berce simplement au gré des réactions (pris dans ses doutes, ses questionnements, ses décisions) de son personnage principal face à l’univers exotique devant lequel il s’expose. Chargée d’émotions quant il s’agit de la mémoire d’Etienne, son histoire se déroule linéairement sans action explosive et empli d’humanité.

Cette sensation se perçoit également par le jeu graphique épuré de Clément Belin conforme à celui de son précédent album. Stylé, peu enclin à rentrer dans une évocation réaliste froide, son coup de crayon dévoile une sensibilité qui fait mouche, une imprécision voulue chaleureuse qui a le don d’attendrir. Le travail sur la colorisation a également beaucoup de charme et distille, à l’image de ses effets pastel, une certaine quiétude.

Une première partie très agréable qui pousse indubitablement à connaître la suite des recherches de Michel.

 

Par Phibes, le 4 février 2011

Publicité