AU NOM DU FILS - Dans l'enfer de la prison de San Pedro

Un soir d’hiver, Stéphane Vernot reçoit un appel d’un journaliste de Bolivie pour lui donner des nouvelles de son fils Max, en reportage sur le trafic de drogue en lien avec la prison de San Pedro. Selon les dires d’un enfant qui vit dans ce centre pénitentiaire, il a été tué et son corps a disparu. Bien que les relations avec son fils soient distendues et surpris que la dernière pensée de son fils soit pour lui, Stéphane annonce la terrible nouvelle à son ex-femme qui, dans un accès de colère, lui reproche son manque de paternité. Dépité, il prend alors une décision, vendre son appartement et avec l’argent, partir pour la Bolivie pour marcher sur les traces de Max. Parviendra-t-il à découvrir ce qu’il s’est passé et venger sa mort ? Pour ce faire, il lui est indispensable d’intégrer la prison de San Pedro et dans ce but, il va commettre un délit pour y être enfermé…

Par phibes, le 4 septembre 2023

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Notre avis sur AU NOM DU FILS – Dans l’enfer de la prison de San Pedro

A l’instar de Serge Perrotin et Clément Belin qui ont réalisé Au nom du fils (ciudad perdida), Pauline et Jean-Blaise Djian décide de se saisir de la même thématique liée à la quête interrogative et vindicative d’un père pour son fils disparu en Amérique du Sud et de nous immerger dans une prospection inquiétante au sein d’une prison bolivienne pas comme les autres.

Dans une linéarité agréable, le récit nous donne à suivre Stéphane, le héros sans l’être, qui, à la suite d’une mauvaise nouvelle, prend le parti de venger son fils. Conscient de n’avoir pas su entretenir une relation saine avec ce dernier et n’ayant plus rien à perdre, il nous entraîne dans la mission qu’il s’est attribuée pour tenter de se « racheter » en quelque sorte. Compte tenu du thème, le drame reste en suspension et plombe évidemment les péripéties. Ressemblant à n’importe quel quidam, Stéphane égraine les contacts qui pourront lui ouvrir des voies et lui faire atteindre son objectif, celui d’intégrer le centre pénitentiaire de San Pedro et d’y faire justice.

Eu égard à la spécificité des lieux (il s’agit d’une prison où les prisonniers sont livrés à eux-mêmes), Pauline et Jean-Blaise Djian profitent des pérégrinations de leur personnage pour nous sensibiliser sur ce centre hors du commun. Gardé uniquement de l’extérieur, il est le nid infernal d’une grande violence perpétrée par une pègre qui s’est organisée et fait sa loi. L’équipée personnelle de Stéphane amène son lot de surprises, d’inquiétude également et ne manque pas toutefois de susciter quelques notes d’espoir. Par ce biais, la démarche de ce père pas si paternel que ça et un peu largué a tendance à émouvoir et son « rachat » vis-à-vis de son fils génère un bel engouement.

Ayant participé à plusieurs collectifs (Caen, Polar – Shots entre amis de Cognac,…) et à l’origine de la série Fanch Karadec et quelques romans graphiques tels La Chenue, L’enfant nu, Sébastien Corbet démontre avec ce présent album une belle maturité picturale. A l’appui d’un trait bien réaliste qui donne une impression crayonnée, l’artiste marque des points en rendant les pérégrinations de Stéphane bien plausible. Eu égard à la couleur utilisée qui se veut assez sombre, les ambiances sont volontairement plombées et couvent bien le drame.

Une histoire actuelle forte, à la fois désespérée et rédemptrice, à découvrir rapidement chez Rue de Sèvres.

Par Phibes, le 3 septembre 2023

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