Au temps des reptiles

 
Quand l’actuelle Égypte choisissait comme "radeau" la plaque tectonique africaine, tout n’y était encore que régions sylvestres et marécageuses. Les dinosaures y pullulaient : petits et grands, herbivores et carnivores, rapides et lourdauds, terrestres et aquatiques… Pour tous, qu’ils soient en meute ou en solo, le mot d’ordre était : survivre…
 

Par sylvestre, le 5 mai 2018

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Notre avis sur Au temps des reptiles

 
Le titre original de cette BD est Age of reptiles : ancient Egyptians. Cette notion d’Égypte a disparu dans le titre en français, mais la préface est là pour nous re-situer l’oeuvre et nous apprendre que ce qui allait devenir l’actuelle Égypte était, à l’époque où le Gondwana se morcelait et contrairement à aujourd’hui où elle est très aride, une terre très humide et très fertile. Ça, c’est pour le contexte, pour le décor. Pour ce qui est de la crédibilité du propos, la préface, elle encore, nous vante le sérieux du travail de recherche et de documentation qui a été fourni. On ne trouvera donc normalement pas d’anachronisme ni de choix discutables dans l’exposé ou dans le "casting".

Côté scénario, on suit dans Au temps des reptiles différents dinosaures dans leurs "activités" : se déplacer, se cacher, attaquer ou se défendre, manger… C’est bien évidemment une bande dessinée muette. Il n’y a même pas de bulles de pensée, ni même la voix off d’un narrateur. On est dans de l’histoire "brute", on vit au rythme et à hauteur des animaux sur lesquels la "caméra" de Ricardo Delgado s’attarde. Des moments de pesante tranquillité ou des épisodes de violence…

Le travail graphique de l’auteur est énorme. Ses dessins sont très denses, très fournis. Pas forcément plein de détails, mais pleins de traits qui sont là pour représenter la végétation ou la texture des peaux des bêtes dans toute leur complexité et qui soulignent ainsi l’importance de la notion de camouflage naturel qui faisait loi dans ces contrées, à cette époque. Afin d’être sûr de bien comprendre le déroulement des séquences, on a tendance à faire dès le départ une lecture lente. Mais là où le bât blesse, c’est au niveau de la couleur. Certains choix chromatiques semblent en effet assez mal faits et la lisibilité en pâtit ; tout comme cette notion de camouflage que j’évoquais plus haut. Ce problème étant, la lecture peut devenir de plus en plus laborieuse et au fil des cent pages, l’expérience qui était originale et fascinante au début devient lassante.

On retiendra le challenge, l’exercice de style. On appréciera l’art de dessiner les anatomies, les puissances et les mouvements. On applaudira également la réussite de certains rendus, comme lorsque les points de vues s’amusent à nous faire plonger sous la surface de l’eau avant d’en ressortir. On aimera suivre et comprendre les séquences, deviner les intentions des bestiaux… Mais on aura mis aussi nos yeux à rude épreuve ! Quand la gêne se fait trop grande, le plaisir s’en voit diminué, il ne faudrait pas que ce soit ce dernier sentiment qui nous reste une fois la dernière page lue…
 

Par Sylvestre, le 5 mai 2018

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