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Aucune tombe assez profonde

(Ain’t No Grave 1 à 5)
Après avoir parcouru le pays de long en large, après participé à de nombreux braquages, tué ceux qui la poursuivaient et « quelques » innocents en passant, la redoutable Ryder a succombé à l’amour et s’est finalement assagie après la naissance de sa fille. Mais cette vie de débauche la rattrape aujourd’hui, une maladie incurable lui dévore les entrailles, elle ne dispose plus que de quelques mois à vivre… Elle décide alors de défier la mort afin de se gagner un peu de répit…

Par fredgri, le 9 février 2025

Notre avis sur Aucune tombe assez profonde

Tout d'abord, je vous suggère de découvrir les autres travaux conjoints de Skottie Young et Jorge Corona : « Middlewest » et « Celui que tu aimes dans les ténèbres », des lectures qui en valent véritablement la peine et qui illustrent déjà à quel point ce tandem est captivant, avec des histoires hors du commun. Pour ce nouveau projet, ils choisissent de nous plonger au cœur d’un western riche et dense, dans les pas d'une héroïne qui ne l'est pas vraiment, une ancienne hors-la-loi connue pour sa brutalité expéditive, ses coups d’éclat et surtout le nombre considérable de morts qu'elle a semés sur son passage. Malgré le fait qu'elle se soit rangée depuis la naissance de sa fille, elle est néanmoins contrainte de faire face à ses vieux démons et à des forces qui la surpassent, dans l’espoir de vivre un peu plus longtemps auprès des siens.

Tout le récit vit au rythme de l’excès : la personnalité de Ryder, son apparence, le plan audacieux qu'elle met en œuvre et toutes les personnes qu'elle va croiser sur sa route, tout participe à un récit qu’on ne lâche plus une fois la première page tournée. En parallèle, Jorge Corona accentue l’expressionnisme de son trait. L’encrage est vif, les coiffures tarabiscotées et les vêtements amples, on entre dans un univers graphique qui impressionne par l’énergie qui s’en dégage, cette folie irréelle qui cache le désespoir qui se cache au fond du cœur de Ryder, cette peur de ne plus revoir ceux qu’elle aime, les jeux partagés avec sa fille, l’intimité des moments vécus avec son époux…

Toutefois, l’album se lit aussi comme une folle course-poursuite contre la mort ponctuée de zones floues qui ne demandent pas pour autant à être décryptées, tant elles nourrissent un propos fantastique, une ambiance presque crépusculaire au fur et à mesure ou Ryder comprend combien elle s’est finalement éloignée de ce qui comptait réellement pour elle…

Un album qui surprend par sa profondeur et l'émotion qui s'en dégage. Une très belle curiosité.

Par FredGri, le 09 février 2025

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