Auschwitz
Cessia et Kazik fuient la police politique Yougoslave en 1993. Traqués comme ils l’ont été par le passé, ils se décident, lors de leurs derniers instants, à se raconter leurs expérience à Auschwitz, après 50 de silence mais pas d’oubli.
Kazik entame son récit par son arrivée à Auschwitz. Les exécutions sommaires, les rumeurs sur les chambres à gaz, les conditions atroces de vie…
Par TITO, le 1 janvier 2001
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Sortie :
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ISBN :
2848100001
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3 avis sur Auschwitz
Il m’a fallu un certain temps pour oser ouvrir ce livre. Le trait et l’ambiance réaliste, les regards troublants de ces corps décharnés : à chaque fois que je feuilletais cet album, je le refermai bien vite, par peur ou par lâcheté.
Mais cet album n’a pas été « prix jeunesse Assemblé Nationale » pour rien, car il s’agit d’une grande réflexion, derrière une histoire « banale » (sic) à Auschwitz.
Pascal CROCI prend le parti-pris de montrer Auschwitz au travers du récits de survivants, car sa documentation préparatoire s’est basée sur de tels récits (se référer aux 10 excellentes pages d’explications sur le parti-pris et les sources documentaires de l’album en fin de volume). La narration est simple, le trait particulièrement adapté au sujet (toujours dans la partie documentaire : « éviter l’esthétisme »). Le ton est juste car il évite l’emphase et le lyrisme outrancier.
Cet ouvrage aborde donc avec humilité, sérieux et courage (mais aussi avec talent) un sujet très délicat, et apporte une pierre au « devoir de mémoire » pour que jamais cela ne se reproduise. La fin des personnages, en 1993, est là pour nous rappeler qu’hélas de tels drames continuent d’hanter l’humanité et qu’il faudra beaucoup d' »Auschwitz » pour qu’enfin les hommes deviennent humains.
Par TITO, le 10 août 2003
Auschwitz : Camp d’extermination.
Kazik et sa femme Cessia se souviennent…. Les trains de déportés, l’arrivée dans un lieu qui semble hostile, des kapos armés, des cris, des fusils, des tirs… des hurlements ? … non….Le silence !
Peu d’espoir.. la mort, la cendre, l’odeur pestilentielle… Les masques à gaz, le Zyklon.. et puis les corps, et puis les yeux exorbités… .
Ann… jolie Ann… es-tu en vie ? La tête au sol.. Elle vit !
Kazik et Cessia se souviennent…Ann, elle avait dit : « Yiska dal veyiskadash sh’mai rabah » – c’est ici que je suis morte –
Je m’appelle Kazik et elle, c’est Cessia, ma femme…C’était il y a 52 ans….aujourd’hui, je vous raconte…
Et voilà … Pascal Croci s’attaque après 5 ans de recherche de documentations et de témoignages à la narration en bande dessinée d’une bribe d’horreur infligée par la Shoah. Il met en cases, un bout du quotidien des Juifs, des Tchèques et de tous les enfants, les femmes et les hommes assassinés, exterminés dans les camps de la mort. Il narre avec justesse mais violence l’abomination, celle de la maltraitance extrême, celle de la pire cruauté qui soit, celle de l’avilissement absolu jusque dans la mort par le gaz.
Il parle des chambres de désinfection ou chambres à gaz.
Pascal Croci dessine le charnier d’un trait souple mais appuyé ..doucement.. ce qui entraîne un sentiment de domination. Il n’utilise que des nuances de gris, pas de rouge.. pas d’éclats et pourtant, l’horreur est dans les regards, sur les visages, sur ces corps décharnés…
Le n&b permet de voir l’infime : la peur que l’on tait pour se protéger, le cri que l’on étouffe pour ne pas se faire remarquer et espérer durer un peu plus longtemps. Peut-être que s’il avait choisi le rouge pour le sang, le noir etc.. nous aurions été protégés par cette couche de maquillage qui masque légèrement la réalité, qui cache l’expression de torpeur, l’interrogation ou l’acceptation de la fatalité. Et pour respecter leurs paroles, il utilise la couleur de la cendre, celle qui laisse entrevoir par transparence mais aussi celle qui se dépose sur l’image l’Histoire tout simplement.
Il fallait dire l’intolérable, c’est gagné ! Alors que ce soit nécessaire… peut être pas.. ! Que ce soit utile… non plus ! De nombreux médiums ont été utilisés, tous avec succès…(cinéma, document, livre, … ) mais que ce soit dessiné peut laisser penser que l’artiste a un droit de regard sur l’histoire et que les deux entités culturelles – le patrimoine et le 9ème art – peuvent se rencontrer à un moment donné. Spiegelman l’avait fait avec « Maus ». L’œuvre de Croci participe au devoir de mémoire. Elle aide aussi a transmettre comme un garde fou même si s’en convaincre est une utopie ..au moins pour cette goutte d’eau, ça vaut la peine !
Par MARIE, le 3 décembre 2003
Ce qui est intéressant dans la démarche de Pascal Croci, c’est qu’il a eu envie de participer au devoir de mémoire de l’holocauste juif sans pour autant qu’il soit lui-même juif ou sans qu’il ait un quelconque rapport personnel à ces événements. On a donc bien là un livre réalisé par quelqu’un qui a envie d’aborder le sujet et non qui le traite sous telle ou telle pression.
Ce qui est gage d’une bande dessinée de qualité, aussi, c’est que non seulement, il a créé à partir de témoignages, mais qu’en plus, il ait eu le respect de montrer son travail à ses témoins avant la publication. Un cahier de quelques pages, en fin d’ouvrage, rassemblant une interview, des croquis, des lettres reçues par l’auteur, montre bien d’ailleurs que certaines choses ont déplu, ou gêné. Ces choses-là ont, pour certaines, été rectifiées quand d’autres ne l’ont pas été (je pense là au calot des prisonniers) : Croci explique bien pourquoi il a finalement "inventé" le couvre-chef des déportés, se justifiant en qualité de dessinateur qui accepte de dire qu’il n’a pas pu représenter le calot sans donner à ceux qui le portaient un aspect guignolesque – ce qui forcément aurait encore plus juré, dans le contexte…
Après, Auschwitz, les camps de la mort, on croit déjà tout en connaître. En cela, la BD ne m’a pas trop surpris. Mais toutefois, j’y ai appris deux choses importantes : ce fameux camp des Tchèques, et l’anecdote de la survie d’une personne après gazage.
Le dessin en noir et blanc est très indiqué pour cette œuvre qui est quand même bien différente des autres titres de Pascal Croci. Et l’idée de départ, ces révélations faites par Kazik et Cessia l’un à l’autre peu de temps avant leur "seconde mort", est une approche originale pour présenter cette collection de témoignages.
Par Sylvestre, le 17 janvier 2006