Autreville

Vous avez peut être déjà fait un voyage sur les terres de votre enfance, histoire de retrouver de vieux amis et des décors familiers. Mais votre quête de nostalgie n’aura sans doute pas été contrariée (et c’est heureux) par les agissements d’un tueur en série, qui vient gâcher l’ambiance. C’est cette histoire que raconte David de Thuin, avec un humour pince sans rire et des réflexions sur notre rapport aux autres.

Cet album n’est pas sans rappeler, dans la forme comme sur le fond, les Aventures de Lapinot (par Trondheim), que j’adore. De Thuin n’est toutefois pas allé aussi loin que l’illustre père du lapin en matière de provocation et d’humour décalé. Les questions philosophiques sont plus directes, les propos moins naturels. Mais c’est l’occasion de s’interroger sur le sens de l’existence, sur la véracité de nos souvenirs, qui idéalisent parfois le passé, ou encore sur ce que cachent les apparences.

Une chose est sûre, on se laisse très vite happer par l’intrigue. On se demande si nos héros vont être confrontés au tueur, ou bien s’il a un lien avec eux. Ainsi, alors qu’il ne se passe rien d’exceptionnel et que les dialogues entre nos personnages portent entièrement le récit, l’intérêt pour l’histoire ne faiblit pas. Jusqu’au bout, on a envie de savoir.

Je ne m’attarderai pas sur la fin. Elle aurait pu, sans doute, délivrer plus de force ou de subtilité. Mais l’album, dans son ensemble, est vraiment plaisant à suivre, d’autant qu’il bénéficie d’un graphisme sympa, gai et coloré, qui tranche – pour le moins – avec son sujet…

Par Legoffe, le 16 juin 2024