AVENTURE DE ROULETABILLE (UNE)
Le mystère de la chambre jaune

En 1892, au château du Glandier, le scientifique William Stangerson s’adonne à des expériences sur la dissociation de la matière aidé en cela par le père Jacques et Mathilde, la jeune fille du savant. Alors que les douze coups de minuit sonnent, cette dernière abandonne ses compagnons pour aller se coucher dans la pièce voisine, une chambre aux murs jaunes. Quelque temps après qu’elle ait fermé à clé la porte de communication, elle se met à appeler au secours. Des bruits de bousculade ainsi qu’un coup de feu se font entendre, alertant définitivement Stangerson et le père Jacques qui tentent de pénétrer en force dans la chambre. Sans résultat, le laborantin décide de passer par l’extérieur de la bâtisse et constate avec effarement que la fenêtre fermée de l’intérieur n’a pas été forcée. De retour auprès du scientifique et avec l’aide du concierge, ils parviennent à défoncer la porte et découvrent Mathilde allongée parterre gravement blessée à la tête. Les trois hommes s’aperçoivent alors que l’agresseur a totalement disparu, laissant au passage quelques indices bien caractéristiques. Comment l’assaillant a bien pu faire pour s’enfuir sans être vu de la chambre jaune ? Voilà un mystère sur lequel le journaliste de l’Epoque Joseph Rouletabille va plancher en compagnie de son ami avocat Sainclair en se transportant au château du Glandier.

Par phibes, le 27 mars 2018

Notre avis sur AVENTURE DE ROULETABILLE (UNE) #1 – Le mystère de la chambre jaune

Plusieurs fois adaptées au cinéma et reprises également en bande dessinée sous le couvert de l’éditeur Lefrancq par A.P. Duchateau et B. Swysen, les enquêtes policières de Rouletabille écrites par Gaston Leroux font l’objet d’une nouvelle édition. Cette fois-ci, c’est Jean-Charles Gaudin et Sibin Slavkovic qui s’attèle à cet exercice ayant le privilège de remettre sur le devant de la scène un fin limier du début du 20ème 100% made in France.

Dès les premières planches, l’intrigue est lancée et nous plonge dans un mystère profond (celui inhérent à une agression au demeurant incroyable) qui ne manque pas d’attiser notre curiosité. A la faveur de cette ouverture engageante, nous faisons enfin la connaissance de celui qui va animer l’enquête policière qui en découle, à savoir le fameux reporter Rouletabille adepte d’affaires policières. Compte tenu de cet aperçu et des premières analyses, l’on ne manquera pas de faire le rapprochement avec ses personnages atypiques que sont Sherlock Holmes, Hercule Poirot. Philip Marlowe… et même, considérant son étiquette professionnelle à Ric Hochet du journal La Rafale. Associé à un avocat confident à l’image du Dr Watson, cet enquêteur direct, qui semble avoir réponse à tout, nous introduit dans ses pérégrinations on ne peut plus rigoureuses.

Eludant la narration originelle de Sainclair, Jean-Charles Gaudin assure une prestation scénaristique pour le moins réussie. Certes usant d’une volubilité imparable eu égard à l’articulation généreuse de l’enquête, l’artiste nous assure d’une représentation d’époque qui tient la route. Juste dans sa complexité et classique dans son développement, cette dernière nous entraîne sous le couvert d’un personnage qui ne rate rien, au pouvoir d’introspection incroyable, à la recherche d’une vérité insoupçonnée. Celle-ci passe inévitablement par un nombre de personnages importants qu’il va falloir identifier clairement et dont certains, évidemment, cachent des choses qu’il faudra découvrir.

On pourra saluer la bien belle prestation graphique de Sibin Slavkovic qui démontre, via cette enquête, une réelle maîtrise de son art. La touche classique de son trait colle à merveille avec la thématique, et ce grâce à une restitution historique rigoureuse et une recherche sur les personnages convaincante.

Une adaptation efficace d’une enquête riche en tout point et réglée au millimètre qui permet de remettre sous les projecteurs l’enfant chéri de Gaston Leroux et de l’installer même dans la durée puisqu’une deuxième enquête semble déjà se profiler. Elle aura pour titre Le parfum de la dame en noir. On répondra présent !

Par Phibes, le 27 mars 2018

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