AVENTURE DE SPIROU ET FANTASIO PAR... (UNE)
Le journal d'un ingénu

On est tout de suite séduit par la maquette. La couverture de cet album, tout en simplicité,  rappelle ces vieux albums, ces récits que l’on suivait il y a des années. Déjà se dégage une sorte d’atmosphère, avant même que l’on ait réellement commencé la lecture.

J’ai mis une ou deux minutes avant de pouvoir l’ouvrir, d’ailleurs, ce nouveau Spirou. Non pas que je sois impressionné ou même que je n’en ai pas envie. Non, non, simplement j’avais le sentiment qu’il fallait aussi prendre son temps. Et, dès les premières pages, je me suis conforté dans cette approche. L’histoire est tranquille. On suit ce gamin très attachant, on le regarde hésiter, vouloir aider mais penser aussi à son travail. C’est un jeune garçon très naïf mais aussi très sincère, un peu balot sur les bords. Il ne connait pas grand chose à la vie ; à peine sort-il de l’orphelinat où il a grandit. Spirou redevient donc, avec ce quatrième tome, un héros tout simple, plein de bonne volonté mais avec une soif énorme de liberté et de connaissance. Il est prêt à suivre tous les conseils qu’on lui donne, mais pas bêtement non plus.

Bravo a construit ce nouvel aspect du "mythe" Spirou en se concentrant sur les "origines" de ce personnage, sur ce qui l’a motivé et sur ce qui va le pousser à devenir ce héros emblématique (d’ailleurs, à lire avant cet album la mini histoire dans le Spirou du 16 avril 2008, une introduction qui nous en apprend encore un peu plus, notamment d’où vient Spip, et pourquoi Spirou s’appelle-t il Spirou, ahhhhhh !).

On est loin de ces aventures pleine de rebondissements, de Zorglub, de Marsupilami etc. Non, ici c’est avant tout l’histoire d’une garçon qui rencontre des gens, qui découvre le monde qui l’entoure avec sa cruauté, sa haine mais aussi avec l’amour qui fait rougir et trembler les genoux.
Spirou redevient bien plus humain qu’auparavant, bien plus attachant et sincèrement plus simple que tout ce qui pourra suivre.

"Le journal d’un ingénu" est donc, avant tout, un magnifique récit que l’on suit sans relever la tête, conquit par ce qui se dégage de ces pages. Il s’agit d’une sorte de vision révisionniste de cet univers ; une vision peut-être pas aussi enlevée que ce qu’a pu faire Franquin ou les autres, mais une vision qui revient à la base, à l’essentiel du personnage et de tout ce qui attire les lecteurs depuis le début : son coeur, son âme, cet incroyable charisme. C’est d’autant plus surprenant que ce petit bout de bonhomme suinte la modestie. Il ne paye pas de mine, n’est pas encore le gars super intrépide qu’il va devenir, n’ose pas embrasser à son tour la belle fille qui le fait chavirer… Mais, justement, je trouve ce décalage très touchant en fin de compte.

Le dessin, quand à lui, est du même cru. Je ne connaissais pas le travail d’Emile Bravo mais je suis complètement séduit par ce trait très efficace et simple. Spirou gagne en modestie et en sincèrité et, du coup, on craque complètement !

Vous l’aurez compris, c’est certainement, à mes yeux,  le meilleur album de Spirou depuis très longtemps, complètement atypique mais passionnant de bout en bout !

Dévorez-le dès sa sortie !

Par FredGri, le 23 avril 2008