Les aventures de Buck Danny "Classic"
Sabre sur la Corée

Buck Danny et ses deux amis reprennent du service certes grâce aux éditions Zéphyr mais aussi grâce à la motivation indéfectible de Frédéric Zumbiehl on ne peut plus adepte de la spécialité des personnages, l’aéronautique. Après un premier essai transformé sous l’égide de l’éditeur Dupuis qui mettait en avant le trio dans une équipée contemporaine, le revoici cette fois dans une nouvelle épopée vintage qui fleure bon l’empreinte des deux grands maîtres Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon.

Grâce à une suggestion favorable de Philippe Charlier, fils de Jean-Michel, ce premier épisode (qui trouvera sa conclusion dans le prochain), de très belle facture, a la particularité de replonger les trois héros au temps de la guerre de Corée, juste après que ceux-ci aient finalisé leur mission contre les mystérieux "Ivans" coréens et soient revenus dans le ciel californien.

Sabre sur la Corée nous entraîne donc dans une aventure linéaire et classique qui nous permet de revoir les trois téméraires pilotes de l’USAF dans des circonvolutions aéronautiques efficaces et pour le moins captivantes. Frédéric Zumbiehl gère sympathiquement son histoire en campant des ambiances de guerre froide convaincantes et en utilisant certains ressorts de la première heure, à la fois dans les péripéties et sur les personnages. Il en découle un récit animé, cocasse à ses heures grâce, comme toujours, au facétieux Sonny, historiquement et techniquement bien mené, avec un suspense basé sur le face-à-face américano-soviétique bien sûr conventionnel que l’on peut tout de même qualifier d’entreprenant.

Pour un dessinateur qui s’est sensibilisé tardivement à l’aviation (avec la série Air Blues parue chez Zéphyr), Jean-Michel Arroyo peut se vanter ici de réaliser une très belle prestation (à commencer par le beau premier de couverture d’époque) qui répond assurément à un cahier des charges strict. Son dessin qui lorgne vers celui du grand maître Victor Hubinon se révèle d’une grande justesse et d’une remarquable netteté. Un tant soit peu habitué à donner volontairement un accent suranné à son trait, l’artiste trouve en cet ouvrage le moyen de faire éclater son savoir-faire en reconstituant assez fidèlement l’univers original (décors et personnages) grâce à un encrage impeccable et une colorisation enrichie superbement.

Un spin-off pleinement réussi qui a le don de se placer sous le signe de la commémoration des 65 ans d’aventures du fameux Buck Danny, l’un des plus illustres aviateurs de la bande dessinée.

Par Phibes, le 12 février 2014