AVENTURES SEXUELLES DE LILIAN ET AGATHE (LES)
L'institut

Dans ce premier album qui raconte les débuts de Lilian, sa rencontre avec Agathe et son initiation aux secrets d’Ishtar, les deux auteurs nous entraînent dans une société machiste ou un groupe de femmes décide d’entretenir une croyance issue d’une ancienne religion féministe qui tend à inverser les rôles, à rétablir une femme forte, maîtresse de son destin, de ses pouvoirs !
Lilian apparait comme celle qui va amener à la fois une sorte de rupture avec ces vieilles traditions et provoquer une remise en question de ces valeurs.

Ce premier volume alterne donc les scènes initiatiques ou la jeune fille découvre la sexualité, mais plus directement ou elle affirme son caractère et se transforme progressivement en meneuse, limite dominatrice. On est clairement dans un album qui place les bases pour la suite, qui installe le cadre, histoire d’expliquer le caractère de Lilian et sa relation avec Agathe. Le scénario est de plus passionnant, car loin de se suffire d’éventuels prétexte il construit un univers riche et très intéressant. D’ailleurs les diverses scènes plus explicites ne sont jamais réellement gratuites, elles découlent toutes d’une vraie cohérence d’ensemble, avec des enjeux et un message qui résonne par rapport au parcours des protagonistes.

En contre partie, c’est vrai aussi que cette société secrète menée par des femmes frise parfois la caricature, les hommes apparaissent soit comme des dépravés dominants qui ne rêvent que de culbuter les jeunes filles qu’ils croisent, soit comme des faibles qui se font mener par le bout du nez, n’arrivant plus à réfléchir au delà de leur gland !
Toutefois, ce portrait est tout de même plus subtile dans le fond, n’exagérons pas, d’autant qu’il est surtout prétexte pour mettre en avant des héroïnes fortes et pleines d’idéaux.

Mais l’incroyable force de ce volume vient surtout du magnifique dessin de Solano Lopez, un artiste que l’on connait pour ses innombrables planches qui ont ponctué les pockets de notre enfance. Un style efficace, très expressif et particulièrement contrasté, accentuant les ambiances sombres et gothiques de cette excellente série. Les femmes sont belles, même la moindre directrice autoritaires, leurs yeux nous transpercent, habitant chaque gros plans d’une sorte de présence hypnotique…
En refermant la dernière planche on garde en mémoire ces silhouettes parfaites, ces scènes assez troublantes…

Je vous conseille donc cette lecture, même si vous pourriez aller vous imaginer, à tort, qu’il s’agit encore là d’une énième série de cul. Car elle vaut vraiment la peine de s’y intéresser !

Par FredGri, le 6 mai 2015