Bagnard de guerre

A la suite de ses déconvenues dans les tranchées, Ferdinand Tirancourt a été condamné à passer huit ans au bagne de Cayenne. Après une traversée périlleuse en compagnie d’autres détenus, il atteint sa destination non sans commencer à percevoir l’enfer dans lequel il va devoir se fondre. Mis à l’épreuve par des gardiens sans pitié et considéré comme un soldat déserteur, Ferdinand est envoyé immédiatement dans le camp forestier de Charvein pour des travaux forcés. En ces lieux excluant toute humanité, il y connaît la déchéance totale, la souffrance extrême mais aussi une certaine entraide face à la brutalité inique des garde-chiourmes. En particulier, le sinistre Pradines qui n’hésite pas à le violenter gratuitement et à le dépouiller complètement. Jusqu’au jour où il peut retourner inexplicablement au camp de base à Saint-Laurent. Après voir subi de lourds sévices, il retrouve ses anciens compagnons tout en s’apercevant qu’un des forçats le toise avec insistance. Il se fait fort de protéger l’un d’entre eux, David, en se portant volontaire pour une mission dangereuse pour le compte de l’administration. Pourra-t-il sortir indemne de cette mission tout en sachant que l’un des prisonniers qui doit l’épauler n’est autre que celui qui le guette sans arrêt ?

Par phibes, le 28 avril 2022

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Notre avis sur Bagnard de guerre

C’est la deuxième fois que nous rencontrons le massif personnage nommé Ferdinand Tirancourt. En effet, ce dernier qui est apparu dans l’album Pinard de guerre chez le même éditeur refait donc son come-back dans des dispositions qui ne sont pas du tout des plus heureuses puisque le voilà condamné au bagne pour plusieurs années.

Philippe Pelaez apporte donc une suite à son équipée guerrière dans les tranchées en envoyant son personnage outre-Atlantique, au cœur d’un pénitencier de Guyane connu pour sa rudesse excessive, Cayenne. Cette histoire complète est l’occasion, à travers les vicissitudes de son personnage central, de nous rappeler ce qu’était la vie au bagne, une vie qui prenait inéluctablement l’apparence d’une véritable descente aux enfers. Pour se faire, le récit qui n’est pas sans rappeler le roman d’Henri Charrière, Papillon ainsi que le film éponyme l’adaptant, se rapporte au témoignage intimiste percutant de Ferdinand. Celui-ci nous éclaire sur la déshumanisation de ces camps dans lesquels une grosse proportion de forçats n’en ressortait pas vivants.

De bout en bout, l’histoire de Ferdinand reste des plus captivantes, certes tout d’abord pour son éclairage mais aussi pour l’intrigue qu’elle distille. Structurée avec justesse, elle vient s’établir, comme le prouve le premier de couverture, en écho du tome précédent, selon une mise en scène identique mais dans des conditions différentes, l’ennemi n’étant plus en face mais tout autour. On pourra saluer la nette évolution du « héros » qui ici devient plus humain dans un contexte qui ne l’est plus du tout.

Cette suite est animée graphiquement par le dessinateur de la première heure à savoir Francis Porcel. Le travail mis en avant reste de belle qualité, caractérisant au mieux les ambiances de détention effroyables de la « guillotine sèche ». N’hésitant pas à croquer des situations violentes, l’artiste parvient sans aucun mal à titiller notre sensibilité surtout en jouant sur l’expressivité de ses personnages amaigris et sur leur souffrance, et à contrario, sur l’excessivité des gardiens.

Une nouvelle histoire complète guerrière qui certes nous éloigne du front mais qui nous démontre une autre forme de combat, celui de rester en vie dans un milieu hostile sans pitié.

Par Phibes, le 28 avril 2022

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