BANANAS
Revue critique de bande dessinée
Au sommaire de ce nouveau numéro de Bananas :
« La peur du pouvoir dans la série Donjon« , par Olivier Jarrige , « Une dessinatrice de bande dessinée oubliée : Janine Lay« , par Fernand Bonnefoy , « Ne sois jamais médiocre : Gisela Dester retrouvée« , par Marco Steiner, « Esquisse de biographie de Gisela Dester« , par Stefano Knuchel , « Table ronde du 12e SoBD (Salon des ouvrages sur la Bande Dessinée) : Le roman-photo, une des formes de la bande dessinée« , par Marius Jouanny (animateur) , « Zinc, l’underground à la française« , par Jean-Jacques Lalanne , « Giorgio Rebuffi et le tournant de la satire« , par Manuel Hirtz et Harry Morgan , Benoît Barale , « Coeurs Vaillants 1928/1940« , par Stéphane Pasquier et les critiques d’Evariste Blanchet.
Par fredgri, le 23 mars 2024
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9791095547099
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Notre avis sur BANANAS #16 – Revue critique de bande dessinée
Avec la disparition récente de Hop!, Bananas apparait plus que jamais comme l’un des piliers essentiels de la Presse BD qui garde encore et encore pour objectif de perpétuer la riche histoire de ce médium, en mettant en avant le patrimoine historique, par le biais d’articles de fond extrêmement documentés qui traitent de séries oubliées, d’artistes un peu trop vite écartées des livres d’histoires officiels, mais en menant aussi, en parallèle, une mission de relai pour rendre compte des grands débats animés lors des derniers festivals SoBD (comme ici, autour du roman photo).
Aujourd’hui, une revue comme Bananas reste importante pour que l’on se souvienne, mais surtout pour que l’on garde bien en mémoire que la bande dessinée est un art particulièrement vivant, qui s’interroge sans cesse sur lui même, sur ses limites et son potentiel.
Ce seizième volume revient donc sur cette étonnante question à propos des Romans photos, les invités présent lors du débat animé par le journaliste Marius Jouanny, parlent du lien très étroit qui s’est rapidement établi avec la BD, ne serait-ce que par les codes utilisés, et progressivement les expérimentations qui ont été tentées dans des revues comme Fluide Glacial, PLGPPUR, ou par le biais d’albums. Les échanges sont vraiment passionnants, d’autant qu’ils nous permettent de mieux appréhender cette forme d’expression et nous faire comprendre que les romans photo ne se contentent bien évidemment pas de ces histoires sirupeuses que l’on pouvait lire dans Voici, VSD etc. Je vous encourage vivement à vous plonger dans ce débat édifiant.
En parallèle, après un petit article consacré à Donjon qui, s’il n’amène pas de théorie originale, nous permet de voir cet univers d’un œil légèrement différent, nous découvrons le travail de Janine Lay qui a beaucoup travaillé pour la presse féminine, qui a eu à son actif de très nombreuse planches magnifiquement dessinées. Nous plongeons alors, grâce au passionnant dossier de Fernand Bonnefoy, dans la vie de cette artiste qui revit sous nos yeux. On évoque sa principale création, Les Jumelles, ses collaborations avec Henriette Robitaillie, sa rencontre avec Jean-Louis Pesch (créateur de Sylvain et Sylvette). Là aussi un très gros travail de documentation absolument fascinant (26 pages, tout de même !).
Marco Steiner et Stefano Knuchel s’intéressent au cas de Gisela Dester qui travailla avec Hugo Pratt dans les années 50, mais qui s’est finalement vite éloignée du monde de la bande dessinée pour vivre à Buenos Aires. A nouveau, une très belle rencontre qui met un nouvel éclairage sur l’œuvre du maître.
Jean-Jacques Lalanne nous parle, ensuite de Zinc, une revue « underground » créée en 71, jusqu’en mai 74, qui permit, malgré tout d’accueillir de nombreux artistes plus ou moins inspirés par la scène américaine. Manuel Hirtz et Harry Morgan se penchent sur le travail de Giorgio Rebuffi, analysent l’évolution de son trait, ses personnages principaux comme Shérif Fox, ou Pipo et Concombre. Et enfin Stéphane Pasquier-Miyazaki nous raconte l’histoire de Cœurs Vaillants, de 1928 à 1940, en revenant sur ce qui a justement mené à cette création, le contexte religieux, les déboires pendant la guerre et son évolution. C’est absolument captivant.
Sans oublier les deux « notes de lecture » d’Evariste Blanchet sur le livre de Philippe Tomblaine sur les 50 ans du festival d’Angoulême et « La fabrique des héros » de Dupuis.
Un numéro assez dense et encore une fois (quitte à me répéter) passionnant d’un bout à l’autre.
Je ne saurais assez vous conseiller d’aller visiter le site de la revue: https://bananas-comix.fr/ afin d’y découvrir les sommaires des précédents volumes.
Très recommandé, pour tous ceux qui aiment ce médium et qui veulent en savoir encore plus.
Par FredGri, le 23 mars 2024