BARBE-ROUGE
Le démon des Caraïbes

Parues initialement à partir de 1959 dans Pilote, c’est en 1961 que les premières aventures du flibustier Barbe-Rouge seront éditées en album complet dans la collection pilote de chez Dargaud. Considérant le franc succès que remporta ce personnage tout en action, de nombreuses rééditions suivirent le pas.

Jean-Michel Charlier, scénariste reconnu dans la profession et créateur du magazine Pilote, dopé par le succès extraordinaire de sa série "Buck Danny" initiée en 1948, se lance dans la présente série afin d’y confirmer son attrait pour les péripéties maritimes. Fort de ses grandes connaissances historiques en la matière et d’une documentation infaillible eu égard aux manœuvres navales dont il nous honorera à grandes lampées, il concocte une aventure trépidante, emplie de coups d’éclat en tout genre, de courses-poursuites endiablées entre navire. La flibusterie semble ne pas avoir de secret pour le scénariste qui n’hésite pas à lancer son pirate au couvre-œil noir dans des faits guerriers de tout bord, sur mer comme sur terre.

Ce premier opus permet de faire connaissance avec le dénommé Barbe-Rouge dont le nom a certainement été inspiré par Edward Teach surnommé Barbe-Noire, pirate de son état. Possédant une personnalité forte, l’on apprend que c’est un marin très habile mais aussi que c’est un flibustier sanguinaire, qui ne fait aucun compromis et dont la terrible notoriété dépasse les limites des 7 mers. L’aventure commence alors qu’il se prend d’affection pour un enfant, Eric, dont les parents ont été tués lors d’un abordage, enfant qui va prendre une part de plus en plus grande dans les péripéties.

Dans cette aventure, le scénariste n’a pas hésité à embarquer son fidèle complice Victor Hubinon, avec lequel il a réalisé, hormis "Buck Danny", "Jean Mermoz", "Surcouf", "Tarawa" et "Tiger Joe". A la date de la réalisation du présent tome, le dessinateur s’est créé son propre style que l’on peut reconnaître entre tous, qui permettra de reconnaître, çà et là, les traits des personnages de la série "Buck Danny". L’on conviendra que son travail est efficace, d’un grand réalisme et que les nombreux navires qui lofent au gré des vignettes font preuve d’une recherche d’authenticité flagrante. Seule, la colorisation très primaire pèchera, donnant des tons agressifs qui ne collent pas forcément à le sujet concerné.

"Le démon des Caraïbes" est un épisode excellent regorgeant d’énergie qui a porté la saga sur le piédestal des séries classiques à très grand succès. A lire et en relire sans retenue.
 

Par Phibes, le 12 août 2009