Baudelaire ou le roman rêvé d'E.A. Poe

Charles Baudelaire (que l’on ne présente plus) est convoqué par son éditeur, M. Poulet-Malassis, qui lui fait prendre connaissance d’une lettre qu’il a reçue d’un ami vivant en Angleterre. L’écrivain est concerné dans la mesure où son éditeur voit en lui l’homme de la situation pour mener à bien la mission objet du courrier : il s’agit de rapporter en France un manuscrit dont le contenu, s’il était porté à la connaissance du public, ferait scandale…

Baudelaire va accepter et devoir entrer dans la clandestinité pour embarquer pour l’Angleterre où il va évoluer entre rêve et réalité dans une déstabilisante aventure.
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Baudelaire ou le roman rêvé d’E.A. Poe

On connaît au moins de nom Baudelaire et Edgar Allan Poe même si l’on n’a pas étudié en classe ne serait-ce qu’une de leurs œuvres. Ce qu’on ne sait pas forcément, par contre, c’est que les deux hommes ont quelque chose en commun : Baudelaire est en effet traducteur en français des œuvres de l’écrivain américain. Mais ce n’est pas à la biographie de l’un ou de l’autre qu’il faut s’attendre en ouvrant cette BD.

C’est aux éditions Mosquito et en noir-et-blanc qu’elle est parue, signée Tarek (scénario) et Aurélien Morinière (dessin), co-auteurs de différents autres titres, principalement chez Emmanuel Proust Editions.

Ecrasé sous leurs deux noms, sur la couverture, apparaît le titre très "art et essai" : Baudelaire ou le roman rêvé d’ E.A. Poe… Une fois encore, Tarek saute sur une occasion que lui propose l’Histoire pour inventer une aventure. Entre un écrivain très "spleen" et un autre que l’on associe aussitôt aux meurtres de la rue Morgue et donc à des ambiances fantastiques et angoissantes, le scénariste s’offre des personnages consistants et adopte une narration riche, adéquate… que le noir et blanc d’Aurélien Morinière vient appuyer, faisant de cette bande dessinée ce que serait au cinéma un vieux film des années 30.

Les cadrages sont très près des personnages et on imagine quel challenge ça a dû être que de mettre en images certaines des scènes, très peu enclines aux mouvements, à l’action. On reprochera cependant une chose qui reviendra souvent titiller nos yeux : les proportions et l’anatomie des personnages laissent à désirer. Courts sur pattes ou un tantinet macrocéphales, Baudelaire et ceux qu’il croise ont souvent des allures bizarres.

En contrepartie, le dessinateur nous régale dès qu’il dessine plus large, notamment des extérieurs ou des vues subjectives à l’intérieur de bâtisses : c’est toujours avec des plongées ou, dans une moindre mesure, avec des contre-plongées très maîtrisées qu’il plante les décors. Mes yeux se sont souvent arrêtés aussi pour étudier la palette noire-grise-blanche utilisée et les luminosités que Morinière en a tirées : regardez ces pavés anglais sous la pluie et éclairés par la lumière d’un lampadaire. C’est très bien fait !

Baudelaire ou le roman rêvé d’E.A. Poe n’est pas, pour ainsi dire, une lecture facile. L’histoire y est pour quelque chose : les doutes qui habitent le héros servent cette difficulté et comme lui, le lecteur aura du mal à savoir où tout cela va bien pouvoir le mener. La fin guide vers la réponse, heureusement, nous recalant sur l’idée qu’a eue Tarek en inventant ce parcours initiatique, cette "fantastique" hypothèse.
 

Par Sylvestre, le 18 décembre 2006

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